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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Chapitre III<br />

La transmission artificielle : l’enseignement<br />

L’école, espoir suprême et suprême pensée…<br />

Quand la langue était véritablement vivante dans le monde rural, et que les écoliers l’avaient<br />

pour “langue maternelle”, Camélat et combien d’autres plaidaient pour faire entrer la langue d’oc à<br />

l’école publique; ce fut réalisé par des arrêtés du 24 décembre 1941 pris par le secrétaire d’État à<br />

l’éducation nationale et à la jeunesse du Maréchal Pétain, Jérôme Carcopino; le principal de ces<br />

textes autorise les instituteurs et les institutrices « à organiser dans les locaux scolaires, en dehors<br />

des heures de classe, des cours facultatifs de langue dialectale (langues basque, bretonne, flamande,<br />

provençale…) […]. ». La mesure fut saluée par les occitanistes comme par les félibres; ainsi, Louis<br />

Alibert (1943, p. 25) :<br />

« Aujourd’hui, une nouvelle aurore se lève, qui promet de beaux jours à la langue<br />

d’oc renaissante. Le gouvernement du maréchal Pétain vient de lui ouvrir la porte des<br />

écoles primaires et il nous promet la reconstitution de nos vieilles provinces. »<br />

Mais moins de deux ans plus tard, à la Libération, l’ordonnance du 9 aout 1944 tendant au<br />

rétablissement de la « légalité républicaine » en France continentale (J. O. du 10, p. 688) constatait<br />

expressément la nullité de nombreux actes intéressant l’éducation nationale, dont « Tous les actes<br />

relatifs à l’éducation générale et sportive », parmi lesquels les arrêtés “Carcopino”.<br />

Les défenseurs des langues qu’on appellerait plus tard “régionales” ne s’avouèrent pas<br />

vaincus et s’efforcèrent de démontrer qu’enseigner ces langues dans l’école publique n’était pas<br />

contraire à la légalité républicaine. C’est ainsi qu’une proposition de loi Deixonne autorisant<br />

l’enseignement des « langues et dialectes locaux » finit par être votée à la fin de 1950 et<br />

promulguée le 11 janvier 1951 (cf. p. 31). Cela a permis quelques progrès dans l’école publique,<br />

tandis que se créaient ces écoles privées, nés en Béarn en 1979, qu’on appelle Calandretas.<br />

Mais aujourd’hui, la “langue maternelle” n’est plus le gascon : « La transmission orale<br />

n’existe plus, la transmission familiale non plus, l’enseignement doit transmettre, il doit suppléer. »<br />

(Jean Salles-Loustau, professeur d’occitan à l’Université de Pau et chargé de mission pour la<br />

culture occitane auprès du ministre de l’Éducation Nationale, 1995).<br />

Même constat et même conclusion de la part du “Capoulié” {Président} du Félibrige, Pierre<br />

Fabre, enseignant lui aussi, in Jacques Chambon, 2001 :<br />

« … j’ai énormément espoir dans l’enseignement de notre langue, c’est-à-dire dans<br />

les jeunes générations… (en provençal traduit [sic; c’est-à-dire “traduit en occitan<br />

standard”]) : Le temps où la langue se transmettait de père en fils et de mère en fille est<br />

heureusement [sic ! le traduttore aurait-il été un traditore ?] bien achevé, tari, et donc<br />

notre langue se transmettra et ne se transmettra qu’à travers l’enseignement dans les<br />

écoles, de l’école maternelle jusqu’à l’université. »<br />

Notre société attend en effet beaucoup de l’école, le monde félibréen et l’occitaniste encore<br />

plus, pour être surtout constitués de professionnels de l’éducation, de l’instituteur au professeur<br />

d’université. Ils ont une sorte de foi dans la loi, le décret, la circulaire du ministre, l’action des<br />

syndicats de l’éducation nationale. Bref, une démarche par les couloirs de l’État républicain dont<br />

les mêmes critiquent souvent le centralisme…<br />

Pourtant, cela n’aboutit guère. La vérité, c’est qu’aujourd’hui, le français est la langue des

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