13.07.2013 Views

Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Jean <strong>Lafitte</strong> 214 Écriture du gascon<br />

le (i)sh gascon par les -is ou -iss- languedociens (p. 25); pourtant, quatre ans plus tôt, c’est l’inverse<br />

qui avait été décidé par l’I.E.O., avec même la possibilité désormais offerte au languedocien méridional<br />

de noter /#/ par (i)sh, comme en gascon (Communiqué du Secteur de linguistique de 1985, p.<br />

163 ci-dessus).<br />

– les rééditions en graphie classique du Gastou Febus de Camélat par J. Salles-Loustau en<br />

1991 et des Fables gasconnes du chanoine Daugé par P. Guilhemjoan en 1999 témoignent encore<br />

de la méconnaissance des ces normes par les transcripteurs (voir Annexe XVIII).<br />

Ainsi, on parle souvent de “graphie normalisée”, mais sans jamais citer les normes appliquées,<br />

ni encore moins pouvoir donner la référence des documents qui les contiennent; on n’est<br />

donc pas dans un “état de droit”, mais dans une religion dont un dieu lointain révèle les mystères à<br />

de rares élus.<br />

Une écriture réservée de fait aux enseignants<br />

Il en résulte qu’en fait, les enseignants sont pratiquement les seuls à oser mettre le gascon sur<br />

le papier. Aujourd’hui, quel épicier — comme Camélat — écrirait Béline ? quel cordonnier —<br />

comme Darichon — composerait Bèth cèu de Pau ?<br />

Quant à la vulgarisation par l’école, même quand on y met les moyens qui manquent pour<br />

toucher la masse (cf. Kristol & Wüest cités p. 208), elle n’est pas garantie. Ainsi, lors du Colloque<br />

du 15 mars 1997 en l’honneur de Roger Lapassade (cf. p. 57), j’ai entendu les jeunes filles du Lycée<br />

lire des poèmes de cet auteur en prononçant bèstias {bêtes} [b!s'tiœs] au lieu de ['b!stis], avec déplacement<br />

de l’accent tonique; on peut le vérifier encore, c’est sur une vidéo-cassette qui a ensuite<br />

été commercialisée. Et au même Colloque, un universitaire a prononcé en béarnais títol [ti'tul], avec<br />

déplacement de l’accent et -l sensible, alors que M. Grosclaude rappelait justement : « l final impossible<br />

en gascon » (1991, p. 278, Ogeu); mais on a vu (p. 169) que le Mémento grammatical… de<br />

J.-P. Birabent et J. Salles-Loustau écrit un logique títou qui ne peut tromper.<br />

Même les adultes de sensibilité occitaniste peuvent être découragés d’apprendre cette graphie<br />

car elle demande un gros effort, et « l’effort d’apprendre ne doit pas être un fait isolé, mais en rapport<br />

avec le milieu humain » (Sèrgi Bec; cf. Annexe XV). Voici par exemple l’aveu, en français,<br />

d’un “énarque”, maire du chef-lieu de canton béarnais où il naquit quarante-trois ans plus tôt, et depuis<br />

2004, conseiller général de ce canton :<br />

« La prise de conscience, qui s’est opérée à l’orée des années quatre-vingts, m’a autorisé<br />

à reparler ma langue sans honte et sans retenue, mais n’est pas allée jusqu’à<br />

l’apprentissage de son écriture pour cause de fainéantise personnelle, d’insuffisance des<br />

structures d’enseignement et du manque d’occasions pour “valoriser” cet “investissement”,<br />

ou les trois peut-être… » (Yves Sallenave, 1998).<br />

Et pourtant, même les “maitres” affichent des “fautes” de graphie…<br />

Au demeurant, même dans le petit nombre des initiés à la graphie classique, beaucoup y<br />

commettent des erreurs. Ainsi, à ne considérer que les auteurs d’ouvrages didactiques :<br />

Les auteurs de l’ouest qui prononcent uniformément par -[œ] les -a et -e posttoniques commettent<br />

assez souvent l’hypercorrection qui fait noter par -a tout -/œ/ posttonique (cf. pp. 71 et 143).<br />

Par exemple, à la rubrique L’occitan au baccalauréat, un conte de l’abbé Dardy Lou praube Misère<br />

{Le pauvre Misère} est transcrit Lo prauba Misèra (PN n° 41, Mars-Avril 1974, p. 8). Et c’est sur

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!