Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 161 Écriture du gascon<br />
Le troisième cas est aussi de bon sens; il a l’avantage de reconnaitre publiquement qu’Alibert,<br />
auteur des normes, n’a pas « prévu » tel ou tel problème « spécifiquement gascon ou béarnais », ce<br />
que j’ai dit autrement en montrant qu’il connaissait mal le gascon (<strong>Lafitte</strong>, 2002-3). C’est donc<br />
reconnaitre aussi qu’on ne peut accepter les règles d’Alibert les yeux fermés, et cela légitime par<br />
avance tout changement à ces règles qui se justifiera par la méconnaissance d’un problème gascon,<br />
voire son traitement défectueux.<br />
Ceci dit en hors-d’œuvre, voyons maintenant les aménagements que les auteurs du Petit<br />
dictionnaire ont apportés aux normes en vigueur.<br />
Les nouveautés orthographiques<br />
Ignorant semble-t-il que l’accent aigu sur le i de « haría, vesía, amía » etc. avait été prévu par<br />
L’application… de 1952 pour marquer la chute d’un -n- intervocalique de l’étymon, les auteurs le<br />
suppriment, estimant notamment qu’il s’agit d’une simple « habitude [qui] s’était prise en Béarn ».<br />
Mes propositions du Chapitre V, p. 315, reviendront sur cette suppression.<br />
Un mot comme [je] {hier} qui se réalise aussi [2e] sera noté ger, la notation occitane ier ne<br />
permettant pas la seconde réalisation. On peut en dire autant de jo {je}, en occitan ieu.<br />
La réalisation [kw] de quelques mots en qua- devrait se noter qüa pour l’opposer à qua lu<br />
[ka]; mais comme cela ne touche que très peu de mots, on évitera ce tréma. Certes, mais à l’échelle<br />
de l’ensemble gascon, cela ne permet pas de retrouver les prononciations réelles, et contrairement à<br />
ce qui est dit, il ne s’agit pas là d’une innovation de J. Taupiac (1977), mais d’une règle établie dès<br />
1952, sauf que c’était une lunule (q#an) ou un accent aigu (qúan) qui étaient prévus; et P. Bec<br />
(1956) avait déjà jugé inutile tout signe diacritique, vu le petit nombre de mots concernés; mais qui<br />
lit les normes ? Au fond, rien de neuf sur ce point dans le Civadot.<br />
La lecture du -n final donne lieu à des explications complexes, ce qui n’a pas de quoi<br />
surprendre, puisqu’il est muet le plus souvent, mais dental dans certains mots; il y a un essai de<br />
classification de ces mots en cinq catégories, ce qui peut faciliter la mémorisation, mais la<br />
quatrième, catégorie “balai” indéfinissable, est indument réduite aux seuls monosyllabes (an, en,<br />
drin, lo nin, lo chin, etc.) que rien, au demeurant ne distingue de lo vin, lo pan, lo can, la man etc.<br />
et qui laisse en dehors agramen, augan, batan, braguen, carcan, càven, engan, envan, etc.<br />
Même problème, connu, du -r final, avec aussi un essai de classification de ces mots en cinq<br />
catégories; mais qui saura, au cours d’une lecture, que tambor a le -r audible parce qu’emprunté au<br />
français ?<br />
De même, qui saura que chivau est un gallicisme, et qu’à ce titre, son ch est [#] et non [0] ?<br />
Donc, au niveau des principes et règles générales, pas grand chose de neuf — ce n’était pas le<br />
propos — mais une tendance assez nette à faire simple et autochtone, sans oser se débarrasser des<br />
complications structurelles du système. De la bonne ouvrage.<br />
À l’épreuve des mots du dictionnaire<br />
Au plan concret du contenu, quelques remarques :<br />
– capítol, píbol, títol sont écrits avec -l étymologique que l’on n’entend pas, mais cela n’est<br />
pas précisé pour títol; on en reparlera bientôt avec le Mémento grammatical du gascon.