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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 132 Écriture du gascon<br />

exemple pour gn ou nh, pour la notation de s, ss ou ç, pour quelques finales (e béarnais), mais<br />

suivant tous une direction commune. » Et c’est dans cette voie qu’il faut, à son avis, persévérer.<br />

Après cette marche d’approche de six pages un tiers, Sarrieu formule des propositions<br />

concrètes pour « noter des dialectes plus divers que ceux auxquels ils [les initiateurs du Félibrige]<br />

ont pu songer d’abord. » Deux moyens techniques, « une très légère augmentation du nombre de<br />

signes » et « un emploi un peu plus large des accents », une orientation de fond, « en tenant compte<br />

de l’usage et de l’étymologie », et un vœu pieux « une entente finale, résultant d’un examen sincère<br />

et éclairé des questions posées, sinon d’un congrès expressément réuni à cet effet ».<br />

On voit déjà l’utopie : les signes et accents relèvent de l’art de l’imprimerie, aujourd’hui de<br />

l’informatique, et outre la complication de leur enseignement, on voit mal comment des parlers minorisés<br />

pourraient obtenir leur réalisation dans la production “industrielle” des écrits; l’usage n’est<br />

pas toujours en accord avec l’étymologie, il faudra donc choisir (ex. les finales en -às, -ís, -òs… de la<br />

graphie classique, fondées sur un usage multiséculaire… mais contraire aux étymologies en -aceu,<br />

-iceu, -oceu, etc.); enfin et surtout, une entente dans le monde d’oc, si peu porté en fait à l’étude linguistique<br />

(« examen sincère et éclairé des questions posées ») est hélas du domaine du rêve, comme<br />

la réunion d’un congrès qui ne pourrait que consacrer l’indispensable travail d’études préalables…<br />

Suivent des propositions, ou plutôt des suggestions concrètes, à commencer par la notation du<br />

-n vélaire gascon, tout simplement par le signe de l’A.P.I. déjà utilisé par l’abbé commingeois<br />

Honoré Dambielle, puis du /w/ après q ou g et intervocalique etc. Mais il ouvre bientôt la porte aux<br />

graphies “englobantes” écartées plus tôt : on peut admettre « sans grand inconvénient » que la<br />

précision ne soit pas complète et que l’on écrive, comme l’avait proposé J. Ronjat, agu, {eu} ce que<br />

tel dialecte prononce adyu, « il suffira de prévenir ». Bien évidemment, Sarrieu ne dit pas si les<br />

locuteurs de ce dialecte sont d’accord…<br />

Finalement, une sorte de brain storming qui n’est pas inintéressant, où l’on peut trouver<br />

l’exposé de certains problèmes dont l’auteur avait eu connaissance et qui donne des idées pour les<br />

résoudre, mais resté sans suite.<br />

Quant à la graphie classique, appelée alors trobadorenca, Sarrieu l’accepte « comme entrant,<br />

à titre d’application particulière possible, dans le système » qu’il propose. « Seulement, alors, si on<br />

écrit des a, des o, des n, des r et des s, qu’on les prononce a, o, n, r et s. » Et de rejeter à nouveau la<br />

lecture multiple d’un même graphème :<br />

« Sans doute, pour les initiés, — et seuls dans ce cas le sont suffisamment, pour<br />

chaque texte, ceux qui connaissent par avance le dialecte qui s’y trouve vêtu à la néoromane,<br />

— le passage de ce dialecte noté en grafia trobadorenca à sa prononciation<br />

courante n’est guère difficile; mais, pour peu que l’on ne soit pas de l’endroit même ou des<br />

environs, cela ne saurait réussir parfaitement. Tous ces a sont-ils des a, des e ou des o dans<br />

le dialecte réel, tel que l’auteur le prononce et tel qu’il faudra, à l’occasion, le chanter ? (cf.<br />

en graphie béarnaise : Tous ces e sont-ils des e fermés atones, des “e muets”, à la<br />

française, des a ou des o ?…). […] En outre cette graphie entraine des modifications dans<br />

le langage lui-même, […] parce qu’elle introduit pour la vue des consonnes finales qu’elle<br />

tend malgré tout à faire prononcer, en les écrivant. »<br />

L’aspect pédagogique n’est pas oublié non plus :<br />

« la graphie “trobadorenca” ne saurait convenir, comme transportant dans la langue<br />

actuelle la graphie de l’ancienne langue sans les adaptations nécessaires, et rendrait bien<br />

difficile l’enseignement aux enfants. » (Sarrieu, 1977, p. 25).

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