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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 208 Écriture du gascon<br />

« Opération pèle-porc et canard gras - Opération du 30 novembre au 8 décembre - La tradition »<br />

qui, à part ce titre et la publicité de deux congélateurs-bahuts, était entièrement rédigée en béarnais,<br />

sous-titré en français; et la graphie voulait être classique. En fait, pour ce qui est de la langue, il y<br />

avait bien des gallicismes, le classique basquisme chingara (pour chingarra) au lieu du béarnais<br />

ventresca {ventrêche en français régional}, et même des barbarismes comme mielha pour miei<br />

{demi}, talhucaja pour talhucatge {hachage}, litro pour litre; sans parler de la cohabitation de 16<br />

articles lou avec 2 occurrences de l’article de la montagne eth, ignoré à Orthez. Quant à la graphie,<br />

on trouvait 3 occurrences de l’“hérétique” hidge {foie}, que je préconiserais quatre ans plus tard, au<br />

lieu de hitge “officiel” à l’I.E.O., beaucoup de fautes banales, et même plusieurs graphies modernes,<br />

purement et simplement : les 16 occurrences de l’article masculin lou et talhucade {découpe}.<br />

Par cette politesse dans la Mecque de l’occitanisme béarnais, Leclerc avait peut-être voulu<br />

faire oublier l’hostilité des commerçants de la ville à son implantation… Mais ce n’était pas une réussite<br />

linguistique. Et peut-être ne le fut-elle pas non plus au plan commercial, car je n’ai pas noté<br />

de renouvellement d’une telle opération.<br />

Des panneaux de signalisation mal reçus par la masse<br />

Et si le “lobbying” des occitanistes auprès des élus a pu obtenir que des communes comme<br />

Orthez, Artix ou Oloron apposent des plaques de signalisation urbaine en graphie classique, le<br />

<strong>Béarnais</strong> ordinaire ne s’y reconnait pas; certes, écrire Ortès ce qui fut Ortez, Orthes, Ortess ou Ortes<br />

dans les anciens textes ne choque pas, car tout un chacun le lira comme le prétendument français<br />

“Orthez”; mais rapportant dans L’Éclair (17/18 février 2001) un fait divers survenu dans une vieille<br />

impasse de cette ville, le journaliste — sans doute un correspondant local — précisait « Les Occitans<br />

l’ont baptisée “la carriva de galesa” »; c’est dire que pour l’Orthézien ordinaire, ces<br />

« Occitans » sont comme des “aliens” dont l’écriture savante occulte ce que la graphie autochtone<br />

écrit depuis 700 ans la carribe de [la] galese, “la ruelle de la truie”. Voir aussi l’Annexe VII.<br />

Un rejet général d’une graphie sentie comme étrangère<br />

La réalité est que prônée par une poignée d’enseignants, la graphie classique peut bien<br />

s’afficher, elle reste étrangère à la population des locuteurs naturels. Les observateurs suisses —<br />

donc doublement neutres ! — Kristol & Wüest l’avaient déjà constaté (1985, pp. 49-50) :<br />

Malgré ses qualités intrinsèques, « cette graphie n’a connu qu’un succès assez mitigé.<br />

Cela est dû a différentes raisons, à commencer par le vieil antagonisme entre le Félibrige et<br />

l’I.E.O.… La raison principale nous semble pourtant être la suivante : Comme la graphie<br />

alibertine ne se fonde pas — et pour cause — sur le système graphique du français, elle a<br />

besoin d’être enseignée, mais on n’a jamais eu les moyens pour l’enseigner à la masse des<br />

occitanophones. »<br />

Ce que les auteurs de l’étude sur les Les organisations occitanistes du même ouvrage collectif<br />

disaient d’une autre façon :<br />

« La fréquentation des stages et de l’enseignement du béarnais est relativement faible,<br />

de manière que la graphie de l’I.E.O. ne peut se répandre. » (P. Boschung et M. Frick<br />

in A. Kristol et J. Wüest, 1985, p. 152).<br />

En particulier, la graphie par o du son /u/ est naturellement lue [o] comme en latin, ce qui<br />

n’est pas du tout une spécialité française (cf. italien, espagnol, allemand, anglais le plus souvent…);<br />

et le -a de la finale féminine fait immédiatement penser à de l’espagnol ou, pour ceux qui connaissent<br />

l’espagnol, à du catalan; et les mieux informés y verront de l’“occitan”, langue d’un “ailleurs”

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