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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 143 Écriture du gascon<br />

« bébe, boire; abùgle, aveugle; càde, tomber ». Mais, fait-il remarquer, lorsque cette voyelle tonique<br />

est un è ouvert, cela va faire lire en [e] de très nombreux mots finissant par [œ, o ou a], comme<br />

« anyèle, anguille; arressègue, scie » etc. Alors, il n’a d’autre solution que de formuler une exception<br />

qui inverse la règle : s’il y a un è en avant-dernière syllabe, la prononciation sera en [œ, o ou<br />

a], sauf pour une liste de 27 mots où il se prononcera en [e]. Mais cette liste est loin d’être exhaustive<br />

(le Palay en compte dix fois plus !), et oublie en tout cas les désinences du subjonctif présent<br />

des verbes en -a (que lhève) et celles de leur imparfait (qu’aymèsse). Or on sait combien il est<br />

difficile d’apprendre des listes d’exceptions, qui en l’occurrence sont des exceptions à l’exception !<br />

Je n’en donnerai qu’un exemple : G. Narioo, locuteur béarnais depuis son enfance, mais de la<br />

région d’Orthez qui confond les deux -e du béarnais en un seul [œ], écrit *frèba dans sa pièce de<br />

théâtre L’alemanda (1972, pp. 38 et 41) par transcription classique de frèbe qu’on peut lire ['fr!!œ]<br />

ou ['fr!!o]; mais le frèb" du Palay (avec point souscrit) ne vaut que ['fr!!e], noté donc frèbe en<br />

graphie classique; c’est d’ailleurs ce qu’on lit dans son Dictionnaire de 2003 (cf. p. 185).<br />

C’est dire que Courriades n’a pas vraiment résolu le problème.<br />

16 – La graphie du gascon selon l’I.E.O. (1952)<br />

Un premier texte pour « la langue d’oc » (1950)<br />

On a vu plus haut, p. 65, comment la loi Deixonne du 11 janvier 1951 avait à nouveau autorisé<br />

l’enseignement des « langues et dialectes locaux » par l’école publique et, p. 78, comment l’<strong>Institut</strong><br />

d’études occitanes (I.E.O.) avait succédé en 1945 à la Société d’études occitanes.<br />

C’est la préparation de cette loi qui a poussé le jeune I.E.O. à publier en français les règles du<br />

système orthographique de son irremplaçable maitre Alibert, pour qu’il puisse être enseigné dans<br />

les écoles publiques : écrite en languedocien, la Gramatica occitana d’Alibert était un bel acte de<br />

foi dans la langue, mais on ne pouvait en faire une norme de l’Éducation nationale. L’I.E.O. pria<br />

donc Alibert, une fois libéré (cf. p. 78), de rédiger un texte relativement court où seraient exposées<br />

ses vues sur l’enseignement de la langue d’oc. C’est ainsi que fut publié à la fin de 1950, donc<br />

avant même la promulgation de la loi, un “Document de l’I.E.O.” intitulé La réforme linguistique<br />

occitane et l’enseignement de la langue d’oc, Annales de l’I.E.O., 1950, pp. 148-159 et tiré à part<br />

Toulouse, 12 pages de format 13,5 x 21. Je le citerai par la suite comme « La réforme… ».<br />

Ce document essentiel fait nettement le partage entre une première phase, la réforme<br />

orthographique, objet de la moitié du fascicule et articulée en 8 principes et des règles de détail,<br />

et la seconde phase qu’elle prépare : « unifier, épurer et enrichir notre langue littéraire au point de<br />

vue phonétique, morphologique, syntaxique et lexicologique. C’est par la sélection des formes<br />

divergentes que nous obtiendrons le minimum d’unité indispensable. »<br />

En lui-même, et selon son titre, ce document vise toute la « langue d’oc » (et non l’occitan);<br />

le gascon y est donc présent, d’où mention du « gascon Pey de Garros » comme premier restaurateur<br />

« de la graphie traditionnelle de la Langue d’oc » (p. 3). D’autres passages, comme des buttestémoins,<br />

visent le gascon, nommément ou non. Ainsi :<br />

– la Gascogne est un des « pays d’Oc » dont « divers points » prononcent encore [a] le -a<br />

final étymologique atone, ou plus exactement posttonique (p. 4);<br />

– en finale, -lh et -nh se réduisent généralement à [l] et [n] « en dehors des parlers du pays de<br />

Foix et de la Gascogne » (p. 6);

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