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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 64 Sociolinguistique du gascon<br />

fiction”, car si le Nautilus de Jules Verne et la fusée lunaire d’Hergé anticipaient une réalité future,<br />

rien ne permet d’espérer, hélas, qu’un jour revienne où l’oc sera redevenu la langue courante du<br />

Midi.<br />

Et comme pour assombrir le tableau, G. Kremnitz poursuit :<br />

« “l’occitanité linguistique” des textes publiés devient de plus en plus hésitante. [… ]<br />

Bien souvent, surtout dans la prose utilitaire, on produit des textes français avec des mots<br />

occitans 11 . Le vocabulaire le plus typique ne s’emploie plus guère depuis quelque temps,<br />

mais aujourd’hui, ce sont la syntaxe et la “mélodie” de la phrase occitane qui sont bien<br />

souvent sacrifiées. Le lecteur a parfois l’impression de se trouver en présence d’un texte<br />

pensé en français et plus ou moins traduit en occitan. »<br />

“Sur le terrain”, on ne trouve guère de quoi contredire le professeur autrichien. Ainsi, parmi<br />

les textes en “tribune libre” du dossier préparatoire à l’Assemblée générale de l’I.E.O. des 8 et 9<br />

mai 2002 à Tarbes (supplément à la revue Occitans !, pp. 17-18), Joan-Pau Ferré, enseignant et<br />

<strong>Gascon</strong> d’Ariège, se préoccupait de l’avenir du livre occitan : « un garçon sérieux […] à qui je<br />

conseillais un roman en gascon : “Je ne lis rien en français, alors vous pensez si je vais lire quelque<br />

chose en occitan !” ». La littérature occitane n’est connue que d’une infime minorité, un roman en<br />

gascon récompensé par un prix n’a été vendu qu’à 800 exemplaires… La poésie rebute encore<br />

plus : « les gens qui font l’effort de lire s’arrêtent souvent au premier niveau de lecture et ne veulent<br />

pas se casser la tête avec de la poésie difficile à comprendre. » Mais ce qui manque, c’est la<br />

littérature dite populaire. Et de citer Catinou de Charles Mouly, recueil d’histoires brèves et<br />

amusantes de la vie de tous les jours, écrit en languedocien de Toulouse, qui en est à sa quatrième<br />

édition; mais ce que J.-P. Ferré ne dit pas, c’est que Catinou est écrit en graphie moderne, pas dans<br />

la classique de l’I.E.O.; j’y reviendrai, p. 207. Puis J.-P. Ferré propose des pistes pour faire<br />

mieux… ce qui n’est pas dans mon sujet et, au demeurant me laisse sceptique : un dicton béarnais<br />

dit que tout n’est pas perdu quand « era may de las òulhes n’ey pas mourte », la mère des brebis<br />

n’est pas morte (Lespy, Dic. béarnais); mais aujourd’hui, la mère de la « langue maternelle » est<br />

bien morte, et on voit mal comment pourrait en naitre une littérature…<br />

À moins que l’école…<br />

11 Même dans les consignes pour la dissertation du CAPES d’occitan-langue d’oc ! cf. Blanchet, 2003-2, p. 235.

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