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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 20 La langue gasconne<br />

Toulousains, plus proches géographiquement, je ne serai pas compris de la plupart des autochtones,<br />

sauf des spécialistes, tout au moins de ceux qui ont un peu étudié la question. »<br />

Mais ce sont des linguistes qui auront ici le dernier mot : en démontrant que les sept traits<br />

spécifiques qui caractérisent le gascon depuis Luchaire étaient déjà acquis autour de l’an 600, donc<br />

avant ce que le premier appelle l’émergence de l’occitan, le Pr. Jean-Pierre Chambon et Y.<br />

Greub (2002) ont établi, semble-t-il définitivement, que<br />

« le gascon n’a pu se détacher d’un ensemble linguistique qui n’existait pas — ou, si<br />

l’on préfère, qui n’existait pas encore — au moment où il était lui-même constitué. Il ne<br />

peut par conséquent être considéré comme un dialecte ou une variété d’occitan au sens<br />

génétique de ces termes («forme idiomatique évoluée de»). Du point de vue génétique, le<br />

(proto)gascon est à définir comme une langue romane autonome ».<br />

Certes, dans son Introduction à la linguistique occitane (2003), J.-P. Chambon ne parle plus<br />

que de langue occitane; mais en affirmant qu’elle est « une langue dialectale [qui] se réalise concrètement<br />

et dès les débuts de son histoire, sous la forme de variétés géographiques (ou diatopiques)<br />

bien marquées » (p. 3), il aboutit au même résultat pratique qu’en admettant une pluralité de<br />

langues plus ou moins apparentées. Il vient en effet d’insister (p. 3) :<br />

« Il N’existe donc PAS (malgré les efforts de certains militants dans ce sens) de<br />

variété standard qui soit reconnue comme telle de manière unanime par la communauté<br />

linguistique et possédant de ce fait une existence sociale réelle. Au Moyen Âge, il N’a<br />

PAS existé davantage de koinè occitane (variété commune au-dessus des variétés géographiques<br />

régionales ou locales). Il N’existe PAS non plus — plus modestement — une<br />

variété qui soit reconnue comme plus prestigieuse que les autres par les usagers. »<br />

Et sur l’“intercompréhension”, il a confirmé ce que j’ai rapporté plus haut (ib.) :<br />

« Bien qu’on ne dispose que de peu de données à ce sujet, l’intercompréhension est<br />

sans doute difficile entre locuteurs de Gascogne, du Limousin ou de Provence (lesquels, du<br />

reste, s’ils se rencontrent, ne communiquent plus en occitan...). »<br />

Pour finalement faire une large place à la situation “à part” du gascon (p. 4) :<br />

« 7/ L’unité de l’objet de la linguistique occitane est problématique - On a souligné<br />

plus haut […] le fort degré de variation diatopique qui caractérise la langue occitane. Mais<br />

il y a plus : un vaste ensemble de parlers, le gascon, présente des caractéristiques si<br />

fortement divergentes et surtout si anciennes que tous les linguistes romanistes s’accordent<br />

pour dire que le gascon, presque toujours considéré comme une des grandes variétés dialectales<br />

de l’occitan, pourrait être considéré comme une langue spécifique (au sens génétique<br />

du mot ’langue’, qui permet de dire, par exemple, que le francoprovençal est une langue<br />

romane autonome). D’autre part, au contraire du gascon, les autres parlers occitans ne<br />

présentent aucune innovation majeure à la fois ancienne et commune : il est donc difficile,<br />

voire impossible, de dire qu’il constituent une ‘langue’ au sens génétique de ce terme. »<br />

Derrière ces avis : la distance linguistique en schéma et statistique<br />

Il est difficile de mettre en doute des témoignages aussi concourants de la part de maitres<br />

incontestés de la linguistique, romane notamment. Mais s’agissant là d’avis synthétisant une pensée<br />

formée par des travaux multiples, on peut légitimement souhaiter en avoir quelque justification<br />

concrète. C’est ce que j’ai essayé, pour moi-même comme pour les lecteurs de Ligam-DiGaM.<br />

Par le schéma ci-dessous, je synthétise les comparaisons phonétiques, morphologiques et<br />

syntaxiques du tableau de l’Annexe III tiré de ma brochure Le gascon, langue à part entière…,<br />

comparaisons qui prolongent celles entre languedocien et « langues et dialectes qui l’entourent » de<br />

la Gramatica d’Alibert.

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