13.07.2013 Views

Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Jean <strong>Lafitte</strong> 325<br />

Écriture du gascon<br />

dessine 5 zones principales dans le domaine (cf. p. 273 et carte schématique ci-dessous); plus rare<br />

est un /n/ dental, généralement issu d’un étymon en -nn-, -nt- ou -nd-. Et l’on a vu comment la<br />

graphie classique pouvait opposer visuellement ces deux -n dans le cadre de son grand principe de<br />

rétablissement des consonnes étymologiques amuïes en finale.<br />

En graphie moderne, les règles de l’Escole Gastou Febus ont assez mal traité le problème;<br />

Palay s’en tirait bien pour les zones 3 et 4, en n’écrivant pas le -n et en marquant la voyelle d’un<br />

accent circonflexe, sauf pour le e : lou hé, et non lou hê; mais pour le reste du domaine, lorsqu’un<br />

mot lui était propre, Palay le notait par -n, sans plus, tout comme lorsque le -n est dental.<br />

La situation de la langue ne permet plus cette ambigüité; je propose donc de noter partout<br />

l’accent circonflexe sur la voyelle devant le “-n caduc”; ainsi, l’absence d’accent circonflexe signale<br />

visuellement un -n dental : lou pan {pan (de mur)} [lu pan] s’oppose à lou pâ(n) {le pain} [lu<br />

p: ou lu p:"]. Cela s’applique aussi au ê, qui sera toujours fermé [e] et plus ou moins nasalisé [;] :<br />

serên [se're] ou [se'r;"] {serein, humidité du soir}.<br />

Faut-il aller plus loin et noter toujours le -n caduc, même muet, comme le fait la graphie classique<br />

? On sait que les troubadours et les scribes médiévaux ne l’écrivaient que lorsqu’il s’entendait<br />

— d’où le qualificatif de “caduc” — et que les Catalans ne l’écrivent pas au singulier où il est muet.<br />

C’est la solution de l’Escole Gastou Febus depuis plus de 100 ans, consacrée par l’irremplaçable<br />

Palay. Et cela résout le problème, marginal il est vrai, des mots à -n caduc muet dans les zones 1<br />

(girondine) et 2 (lomagnole) tandis que d’autres sont vélarisés, selon les mots (cf. p. 274).<br />

Mais cela crée deux graphies pour les mêmes mots, qui partagent le domaine en deux grands<br />

ensembles. Alors, on peut raisonner de deux façons contradictoires :<br />

– au plan théorique : puisqu’on a déjà les oppositions irréductibles v/u et y/j, plus d/s (vedë/<br />

vesë {voir}; ausèth/audèth {oiseau}), lou/le/eth, la/le/era, die/your ou jour {=}, etc., « on n’en est<br />

pas à une opposition près et on reste sur le système de l’Escole et de Palay »; ou « l’écrit est bien<br />

assez morcelé, il ne faut pas maintenir cette autre cause de fractionnement »;<br />

– au plan pratique : écrire le -n après une voyelle déjà munie d’un accent circonflexe change

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!