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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 297 Écriture du gascon<br />

Et les “pseudo-composés” ?<br />

Faudra-t-il faire de même pour les “pseudo-composés” évoqués en Annexe XX ? Je n’ai que<br />

Pentacouste (Palay) comme exemple, mais sans doute doit-il y en avoir d’autres ; on a vu qu’il était<br />

Pentocousto pour Dupleich et Cénac-Moncaut, en zone [o]; en zone [œ], Arnaudin et le Dr. Dubos<br />

l’écrivent Pentecouste en Grande Lande, G. Dulau lui donne la prononciation [pente'custœ] en Bazadais,<br />

et Y. Vidal [penta'c%stœ] sur le Bassin d’Arcachon — son Pentacòsta avec [%] est apparemment<br />

une erreur ou une altération locale récente sous l’influence du français, tous les grands<br />

lexicographes (Mistral, Lespy, Alibert, Palay) ne connaissant que [u]. Pour ce mot, comme pour ses<br />

semblables éventuels, il serait absurde de les écrire en deux parties. Je ne vois donc d’autre solution<br />

que de leur appliquer les normes générales du système, et d’indiquer la prononciation irrégulière<br />

dans les entrées de dictionnaires.<br />

La négation no<br />

XII – Corrections diverses<br />

Cette négation sera ainsi notée no, conformément à tous nos anciens textes, à la prononciation<br />

observée dans tous le domaine gascon (ALG VI, 2396 et 2397) et en accord avec le catalan.<br />

L’affirmation ò<br />

Rares sont les occasions de rencontrer « o » dans les anciens textes gascons, qui sont surtout<br />

juridiques, sans récits de conversations propices à l’emploi de cette particule. Font heureusement<br />

exception les Récits d’Histoire sainte en béarnais, parvenus à nous par un manuscrit estimé antérieur<br />

à 1425. Mais une étude philologique serrée permet à leurs éditeurs Lespy et Raymond (1876-<br />

77) de dater le texte de la première moitié du XIV e siècle (p. XX), donc pas loin de la mort de Dante<br />

(1265-1321) qui a popularisé l’expression « langue d’oc »; or pas un seul « oc » dans notre texte,<br />

mais plusieurs occurrences de « o »; ainsi, p. 28 : « Cum ne anaben, trobaben masipes que anaben a<br />

l’aygua, et demanan si ere aqui la propheta. Et dixon eres “O, o, anatz tantost et trobar l’atz […]” »<br />

{Comme ils cheminaient, ils rencontrèrent des jeunes filles qui allaient puiser de l’eau et leur demandèrent<br />

si le prophète était là. Elles répondirent « Oui, oui, allez vite, vous le trouverez […] »}.<br />

J’en ai aussi trouvé trois occurrences successives dans un acte de 1422 du notaire de Navarrenx<br />

(AD-P.A. E 1600 f° 129 v°) publié par Amédée Cauhapé (P.N.-P.G. 177, 12/1996, p. 8); est rapporté<br />

un dialogue par lequel deux compères simulent un mariage pour abuser d’une femme; ils posent<br />

la question rituelle à l’homme et à la femme : « Lad. Condessine dixo que o, mas a bertat eg no dixo<br />

de o, mas que fase los semblants que eg abe diit que o […] » {Ladite Condessine dit oui, mais en<br />

réalité, lui ne dit pas oui, mais il faisait semblant d’avoir dit oui […]}.<br />

ò a donc perdu sa consonne finale depuis au moins 500 ans, et si Alibert admet les deux graphies<br />

ò et òc, il place ò en premier et n’use que de lui dans ses exemples (Gramatica, p. 225, Dic.).<br />

De même, J. Taupiac qui notait òc dans son Dic. de 1977 ne retient plus que ò dans celui de 1992.<br />

C’est sans doute au français que l’on doit la graphie oc, alors qu’aucune règle ne permet de déclarer<br />

muet son -c qui s’entend toujours ailleurs : yòc / jòc {jeu}, lòc {lieu}, etc. Certes, le ò affirmatif est<br />

homographe de l’interjection ò ! Mais à l’oral, l’intonation suffit à les distinguer; et à l’écrit, la<br />

confusion, déjà acceptée par Alibert et Taupiac, peut être évitée par la présence du point d’exclamation<br />

après l’interjection.

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