Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 301 Écriture du gascon<br />
L’article défini de la montagne<br />
L’application… d’Alibert n’en dit rien, on s’en doute, et ce sont les grammairiens gascons qui<br />
nous le présentent. Le premier dans le temps est sans doute P. Bec dans sa Petite nomenclature<br />
morphologique de 1959 : eth et ses composés ath, deth, peth, tath au masculin, era et ses composés<br />
ara, dera, pera, tara au féminin plus -s au pluriel.<br />
Et, miracle, la liste était la même chez le Félibre J. Bouzet (1928), qui est toutefois plus riche<br />
en composés et mentionne les formes masculines en er devant voyelle : « er-omi, er-aulhè, eroustau,<br />
er-ourdi, er-aute, etc. » (avec un étrange trait d’union) et plus classiquement les composés<br />
der’ aulhè, darrèr’ oustau, entar’ ourdi, der’ omi et dencàr’ aute cop. Mais il mentionne aussi<br />
en(s), ena(s) comme composés de en + article, où, en fait, en signifie à la fois “en” et “en le” et où<br />
ens, ena et enas réduisent l’article à sa seule finale.<br />
Inutile d’en citer d’autres, tous sont d’accord. Avec toutefois cette particularité, qu’à part Bec,<br />
tous ces auteurs sont <strong>Béarnais</strong> et même quand ils visent le gascon en général dans le titre de leur<br />
ouvrage (Darrigrand 1969-1, Grosclaude 1977), ils semblent s’en tenir aux formes béarnaises.<br />
Une exception, à ma connaissance : le regretté Georges Ensergueix (Jòrdi Deledar, 1995) dans<br />
sa Grammaire des parlers couserannais publiée par l’I.E.O.-Ariège, qui ouvrait la porte sur des<br />
formes écrites plus proches de la prononciation. Mais il ne faisait qu’introduire en Couserans ce<br />
qu’on trouvait déjà dans les ouvrages didactiques aranais comme Ané Brito, 1989 : si le singulier<br />
est le même, eth/er, era, le pluriel es, épicène, remplace eths, eras. Et les contractés suivent : as,<br />
des, enes, pes, entàs, tàs.<br />
De fait, les cartes 2425 à 2482 du volume VI de l’ALG vont nous éclairer sur la ré&lité de la<br />
langue :<br />
– pour l’article masculin singulier isolé :<br />
– devant consonne, on entend très généralement [e] + le doublement de cette consonne à<br />
laquelle le -th virtuel s’est assimilé) (2425 à 2432); sauf devant h- où l’on entend [et]<br />
[etj#] (2433); eth convient donc comme graphie englobante;<br />
– devant voyelle, c’est [er] ou [ed] ou [edj2] (2434); eth et er’ conviennent donc encore;<br />
– pour l’article masculin pluriel isolé :<br />
– devant consonne sourde, on entend [es] et devant consonne sonore et l-, [ez], sauf dans la<br />
zone est qui vocalise le -s en ["], [e"] (2435 à 2441); devant h-, [es] ou [ez] suivant les<br />
lieux (2442), avec quelques points en [eh] et [ets]; le es aranais convient donc pour la<br />
grande majorité des lieux, étant entendu qu’en certains autres, le -s en se lit ["] ou [h]; et<br />
eths se verra limité aux quelques points qui disent [ets];<br />
– devant voyelle, c’est [ez] ou [edz] selon les lieux (2443 à 2445); es et eths conviennent<br />
donc ici aussi, le [ts] de eths se sonorisant naturellement en [dz] devant voyelle.<br />
– pour l’article féminin singulier isolé :<br />
– devant consonne, c’est partout [era] (2446 et 2447), contrairement à Grosclaude, 1977, p.<br />
133, qui mentionne aussi « ére, éro »; donc era, sans problème;<br />
– devant voyelle, c’est [er] ou [era], dans ce dernier cas en hiatus avec la voyelle qui suit<br />
(era ombra, [era 'umbro]), ou provoquant son aphérèse (era ’scola [era 'skolo] (2448 à<br />
2450); era et er’ conviennent donc encore;