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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 174 Écriture du gascon<br />

– on lit tabei, sans aucun n (pp. 54, 57, 58, 72, 74 etc.) ce qui se prononce [ta'bœ"]; p. 61, une<br />

note 1 signale toutefois « Ailleurs : tanben »… sans dire que les deux n y sont muets (ALG IV,<br />

1551) !<br />

– pratic est écrit comme il se prononce (p. 89), contre l’orthodoxe practicament lu pourtant<br />

[pratikœ'mœn] (p. 153);<br />

– pramòr, totalement démotivé, est intelligemment écrit en un seul mot (p. 71, 160), au lieu<br />

de l’étymologique pr’amor;<br />

– et, bien sûr, de nombreux /o/ en position atone sont notés ò, que le système occitan réserve à<br />

la syllabe tonique, mais que rien ne permet de noter autrement : còmuns (p. 97), dròguista (p. 110),<br />

armònia, qui sera lu normalement [ar'moni] et au lieu du réel [armo'niœ] (p. 142), etc.<br />

À signaler aussi la décision de bon sens que dans un parler qui emprunte tant à l’espagnol,<br />

notamment pour tout le langage des fêtes et corridas, les mots espagnols sont notés et lus tels quels,<br />

sans chercher à les gasconiser (p. 158, note 2).<br />

Mais il serait peu utile de relever les nombreuses erreurs de graphie, souvent imputables à une<br />

mauvaise connaissance des étymologies, comme les confusions entre v et b (arrebirar, arriva,<br />

Niba/Niva…), entre c/ç et ss (en.honça), l’oubli de h- (robit pour hrobit); mais aussi la confusion<br />

déjà évoquée entre -e et -a finals (aceste au fém., atletisma, …), et la méconnaissance d’une règle<br />

formelle : le son /#/ intervocalique rendu par sh au lieu de ish (còshos, mushar etc.).<br />

Finalement, un ouvrage intéressant tant par la connaissance du parler de Bayonne que donne<br />

la notation phonétique intégrale que par les quelques initiatives de locuteurs qui ont préféré adapter<br />

la graphie à leur langue plutôt que le contraire. Et les erreurs qui leur ont échappé montrent combien<br />

la graphie classique est un exercice difficile, même pour des « spécialistes de la langue », si<br />

l’on lit a contrario le jugement qu’ils ont porté sur les clercs médiévaux.<br />

31 – Le “Conseil de la langue occitane” et ses “preconizacions” de 1997<br />

Le Conseil de la langue occitane a été déclaré le 1 er octobre 1997 (cf. p. 200), mais avant<br />

même sa naissance officielle, il s’était réuni et avait adopté, en juin et aout, dix-huit<br />

“preconizacions” relatives à la graphie et dont l’application par l’I.E.O. fut alors présentée comme<br />

allant de soi, sans aucune décision d’une instance quelconque de l’<strong>Institut</strong>. Mais à part la première<br />

qui est explicite (on écrit obligatoirement l’accent sur la forme majuscule des minuscules<br />

accentuées), ces “preconizacions” se bornent à donner des exemples dont la lettre affectée est<br />

soulignée, ce qui n’est compréhensible que par les initiés. Et de toute façon, très peu de nouveautés;<br />

il s’agit le plus souvent de réaffirmer des décisions antérieures de l’I.E.O., sans toutefois s’y<br />

référer, ce qui est peu propice à l’intelligence du document.<br />

En réalité, ce sont dix-sept “preconizacions” inutiles, parce que redites, ou très secondaires,<br />

qui ne semblent là que pour faire cortège à la seule spectaculaire : alors qu’en 1989, l’I.E.O. avait<br />

confirmé realisar adopté en 1975, le C.L.O. décide le retour du -z- : realizar.<br />

Pour le reste, si quelques simplifications rapprochent l’écrit de l’oral (nf remplace mf dans<br />

sinfonia, trionfar…), d’autres renient encore les confirmations I.E.O. de 1989 et compliquent le<br />

décryptage de l’écrit : pas d’accent grave sur des o valant [o] en syllabe atone (soudar lu [so*'da]),<br />

tréma facultatif sur le ü prononcé [w] de linguistica, equacion…, et sur le e de poesie, coedicion…,<br />

rien ne signalant la diérèse, opposée à la diphtongue de coeta.

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