Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

Jean Lafitte 158 Écriture du gascon
d’Éric Chaplain (2002), dans ma graphie classique DiGaM, qui n’est pas exactement celle de
l’I.E.O., comme nous le verrons bientôt.
Toutes les graphies données ne sont pas exemptes de critique, comme con.hessar (confesser),
in.hèrn (enfer) qui ont perdu depuis des siècles le -n- (cf. Grosclaude, 1977, 149 : « prononcez couhessar
[sic, avec -r], … i-hèr ») qu’aucune règle n’obligeait de rétablir, risquant de fausser la lecture;
alors que dans un cas similaire, en rééditant Salette, 1483-1983, l’auteur écrit cohonetz, p. 20,
cohona, p. 39…). On peut aussi relever des coquilles comme « en.hornar, enfoncer » au lieu de
“enfourner”… Mais c’est peu de chose : dans l’ensemble, c’est une application honnête et intelligente
des règles de 1952.
20 – Les modifications de la graphie classique de l’I.E.O. en 1975
Coup sur coup, la Commission de Normalisation Philologique de l’I.E.O. va adopter deux
séries de décisions qui prendront effet respectivement au 1 er juillet 1975 et au 1 er janvier 1976 :
– 1 ère série : cossí (au lieu de consí) adverbe interrogatif [languedocien]; mais il faudra
attendre les “confirmations” de 1989 (voir p. 166) pour que soit mentionné le cas similaire de
mossur et de son dérivé mossurejar; maquina (au lieu de machina) et sa famille : maquinal,
maquinalament, maquinista, etc. [c’est de la normalisation linguistique et non graphique, et les
formes gasconnes maquinau, maquinaument sont ignorées]; et surtout realisar (au lieu de realizar)
et, de façon générale, notation par -s- de tous les /z/ intervocaliques. (P.N. n° 49, 7-8/1975, p. 19);
– 2 ème série : fasiam, fasiatz, fariam, fariatz (au lieu de fasiàm fasiàtz, fariàm, fariàtz) [affaire
n’intéressant pas le gascon]; proïbir (au lieu de prohibir). La lettre h d’origine étymologique et
sans aucune valeur phonétique ne s’écrit pas entre deux voyelles. Exemples : la coërencia, coërent,
la coësion, la proïbicion, lo proïbicionisme, proïbicionista, proïbitiu, reabilitable, la reabilitacion,
la veeméncia, veement, lo veïcul, etc… (“Document officiel” en languedocien, non daté,
aimablement communiqué par J. Taupiac).
21 – La graphie “occitane” du gascon d’Aran (1983)
La reconnaissance officielle de l’aranais par la Catalogne et l’Espagne (p. 52) appelait la
définition officielle de son orthographe; « appelait », au moins dans l’esprit des occitanistes qui
n’imaginent les langues d’oc que corsetées par des règles (cf. p. 143). Ainsi, vingt ans après le
Béarn, mais avec plus de retentissement du fait du statut de la langue, le Val d’Aran allait à son tour
mettre son gascon à l’heure de la réforme occitane. Une commission fut créée avec des linguistes
catalans, des linguistes français (le Pr. P. Bec et M. Grosclaude, spécialistes du gascon, et J.
Taupiac, Gascon spécialiste de l’« occitan standard ») et des représentants des locuteurs (Viaut,
1987, 102). Mais là, parce que cette langue serait utilisable dans la vie publique, c’est par un décret
du 14 janvier 1983 du Président de la Généralité de Catalogne qu’allaient être adoptées les Normes
orthographiques de l’aranais. J’en ai publié le texte en synopse avec celui des règles de l’I.E.O. de
1952 pour le gascon (Ligam-DiGaM n° 13, Avril 1999, pp. 4-18).
Il apparait à l’évidence que la chaussure occitane offerte aux Aranais ne convenait pas tout-àfait
aux pieds délicats de la Cendrillon des montagnes, et leurs normes présentent des différences
non négligeables par rapport à celles du gascon général (Viaut, ib., 115-118). En voici des plus
topiques :