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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 172 Écriture du gascon<br />

dans toutes les grammaires, certes, mais malgré le choix personnel de J. Allières qui la vocalisait en<br />

a, forme dominante dans une assez grande complexité (ALG V, 1684); il donnait ainsi les exemples<br />

« que sabí que vengora, […] que’s demandava se vengora » (ALG V, 1616).<br />

Une remarque générale enfin, les formes présentées sont la plupart du temps localisées par<br />

des orientations géographiques : nord, sud, sud-ouest… Le critique anonyme de Reclams (très<br />

probablement Jean Eygun, alors directeur de la publication) y voyait<br />

« comme une peur de mentionner clairement les noms de régions très anciens comme<br />

Béarn, Landes, Armagnac, Comminges, Bigorre, Médoc qui n’apparaissent jamais, ou<br />

presque. Nous ne sommes pas certains que les réalités (socio)historiques et<br />

(socio)linguistiques puissent se cacher si facilement sous des expressions comme “sudouest<br />

du domaine” ou “sud du domaine” » (Reclams, 4/5/6-1995, p. 85).<br />

Et les renvois nombreux à l’ALG, pour précieux qu’ils soient, font regretter que les auteurs<br />

n’aient pas eu les moyens de présenter des cartes schématiques, comme celles d’Atau que’s ditz, car<br />

rares sont les lecteurs qui ont l’ALG à portée de la main.<br />

Pour conclure, nous avons affaire à un travail sérieux qui a tenté de mettre de l’ordre dans un<br />

domaine particulièrement complexe, surtout pour ce qui est des conjugaisons. D’autres choix sont<br />

possibles, et M. Grosclaude et G. Narioo l’ont montré avec leur Répertoire des conjugaisons<br />

occitanes de Gascogne (1998), mais en discuter sortirait de mon sujet.<br />

En revanche, les choix orthographiques hors normes, qu’on les approuve ou les critique, montrent<br />

que bien peu se contentent des normes officielles existantes… Et cela, c’est un vrai problème.<br />

30 – Que parlam, ou l’application de la graphie classique à Bayonne (1996)<br />

Que parlam, c’est un petit Guide de conversation édité par Aci <strong>Gascon</strong>ha (voir p. 79),<br />

association partagée entre le désir d’être “dans le vent” en usant de la graphie classique occitane et<br />

celui de ne pas se couper des locuteurs naturels qui s’y perdent; en témoigne le sous-titre de<br />

couverture :<br />

Français :<br />

nous parlons gascon<br />

– gascon "maritima" ou de "Baïona"<br />

– gascoun "maritime" ou de "Bayoune"<br />

sous-titre qui, à lui seul, vaut tout un discours : d’une part, le fait que le gascon soit désigné deux<br />

fois, l’une en graphie qui se veut classique, l’autre en graphie moderne; d’autre part, le fait que si la<br />

graphie moderne est parfaite selon les règles de l’E.G.F., la graphie classique ne comporte pas<br />

moins de deux “fautes” pour cinq mots (voir le détail plus loin, p. 215).<br />

C’est une œuvre collective, d’où quelques divergences de fond importantes dans les textes<br />

d’introduction, divergences qu’il serait cependant hors sujet de présenter ici. En tout cas, conscients<br />

de leurs limites, les auteurs ont pris l’avis de M. Grosclaude « l’un des meilleurs spécialistes du<br />

gascon » (p. 13); on trouve donc un extrait d’une lettre par laquelle celui-ci approuve leur<br />

démarche, en particulier leur « effort pour adapter le gascon de la région de Bayonne et du Bas-<br />

Adour aux normes orthographiques modernes. C’est l’essentiel. Je n’ai pas à juger du résultat et il<br />

se pourrait que je ne sois pas toujours d’accord avec le détail de telle ou telle solution adoptée. Mais<br />

c’est la première fois que cela est tenté […] » (p. 14). Voilà de quoi laisser le linguiste pantois : il<br />

n’est pas question d’adapter la graphie à la langue, mais la langue à la graphie !<br />

Les Bayonnais sont plus rigoureux et leur présentation des graphies assez bien faite pour que

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