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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 40 Sociolinguistique du gascon<br />

nationale allait désormais enseigner le gascon et le béarnais sous le nom d’“occitan”, la pluralité<br />

dialectale étant affirmée en maintes occasions (circulaires et arrêtés ministériels).<br />

Le gascon renommé « occitan de Gascogne »<br />

Mais cela ne suffisait sans doute pas aux plus engagés des occitanistes, et à la fin des années<br />

70, l’I.E.O. adopta en assemblée générale la dénomination d’« occitan de Gascogne » pour remplacer<br />

le nom de gascon, jugé peut-être trop “séparatiste” pour une future “Occitanie” (cf. p. 24).<br />

On observera d’abord qu’une telle dénomination est tautologique, puisque la Gascogne<br />

politique ou administrative a changé maintes fois de frontières pour disparaitre officiellement en<br />

1790 avec la création des départements, et qu’on ne définit plus — savamment — la Gascogne que<br />

comme le territoire où l’on parle gascon ! Il est vrai qu’une nouvelle appellation d’« ouest-occitan »<br />

(remarquer l’ordre déterminant-déterminé très anglo-saxon !), mentionnée par Y. Vidal (2002, v°<br />

gascon), évite la tautologie… mais élimine toute référence à la Gascogne ou au gascon !<br />

De plus, comme il n’y a pas de raison de ne pas parler aussi d’« occitan d’Auvergne »,<br />

d’« occitan de Provence » etc…, cela signifie qu’il y a autant d’« occitans » que de grandes régions<br />

d’oc, donc autant de « langues d’oc » — horresco referens ! (cf. pp. 26 et 43).<br />

Enfin, on peut sourire de la prétention d’une simple association de quelques centaines<br />

d’adhérents pour tout le Midi de vouloir effacer le nom de « gascon », en usage incontesté depuis<br />

six ou sept siècles au moins !<br />

Mais cela correspondait aux vues des occitanistes béarnais, qui étaient de fait les plus actifs<br />

des <strong>Gascon</strong>s pour la défense et la promotion de la langue du pays. Ou plus exactement sans doute,<br />

cela correspondait aux vues de celui qui fut le maitre à penser de l’occitanisme gascon, le professeur<br />

de philosophie du lycée d’Orthez, Michel Grosclaude.<br />

L’influence de Michel Grosclaude<br />

Bien des choses s’expliquent en effet pour peu que l’on examine le rôle de cet homme, de son<br />

adhésion à Per Noste dès sa fondation jusqu’à son décès en mai 2002. Les lignes qui suivent<br />

s’appuient sur l’article de son ami G. Narioo (2002) et sur celui de L. Laborde-Balen (2002).<br />

Né à Nancy en 1926 d’un père protestant et d’une mère catholique, M. Grosclaude fut<br />

d’abord élevé dans la foi de sa mère; sa famille paternelle établie à Marseille venait du Jura suisse<br />

et sa mère était lorraine; d’abord à Paris, ses parents vinrent en 1939 s’établir à Marseille, où il<br />

reçut du pasteur protestant Théodore Gounelle des cours d’instruction religieuse et d’histoire<br />

exceptionnels et passionnants, notamment sur la Croisade albigeoise, la Réforme, les Camisards…<br />

Quant à la langue d’oc, il l’avait entendue avec le provençal de Marseille puis le parler de la Haute-<br />

Loire où il passa la dernière année de la guerre dans un village entièrement protestant et connu pour<br />

ses faits de résistance. Il sentit alors que « Cathares, camisards protestants et langue d’oc avaient en<br />

commun d’avoir été victimes de l’intolérance, de la persécution, de l’absolutisme. Et la langue d’oc<br />

avait été au cours des siècles celle des persécutés. »<br />

Jeune professeur de philosophie, il fut d’abord affecté à Chinon en 1953, puis muté en Béarn<br />

en 1958 parce qu’il désirait « “aller dans le Midi”, attiré par le soleil, affecté de ce “phototropisme”<br />

qui atteint tous ceux qui vivent dans le Nord » nous a-t-il conté (Grosclaude, 1969); et d’expliquer,<br />

avec sincérité et lucidité, comment il était « arrivé à [se] sentir personnellement concerné par la

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