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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 28 La langue gasconne<br />

(supposée différente de celle des autres citoyens de l’hexagone) à laquelle il croit et clôt le débat<br />

par cette phrase lapidaire :<br />

« LO GASCON ES UN DIALECTE OCCITAN PERQUÉ LOS GASCONS SON OCCITANS »<br />

On est donc hors du domaine de la science, c’est celui de la foi en une civilisation<br />

particulière, probablement encore plus difficile à distinguer d’une autre qu’une langue de sa<br />

voisine. La discussion n’est donc plus possible, mais au moins, on sait pourquoi.<br />

Pourtant, c’est au nom de la science, mais sans davantage de preuves, que Jean Sibille devait<br />

stigmatiser la pluralité des langues d’oc dans sa contribution à l’ouvrage collectif Les langues de<br />

France publié en 2003, p. 179 :<br />

« L'emploi du terme langues d’oc (au pluriel) est relativement nouveau et très<br />

minoritaire, mais il tend à être mis en avant par des minorités agissantes ou des individus<br />

isolés qui, pour des raisons plus idéologiques que scientifiques, voudraient voir reconnaître<br />

autant de langues que de régions ou anciennes provinces. »<br />

Évidemment, le « relativement nouveau » montre les limites — excusables, certes — des<br />

lectures de l’auteur, puisque, en se limitant au domaine gascon, l’expression critiquée se lit à la une<br />

des Reclams de Biarn e Gascougne de Juin 1906 : sous le titre Un bel exemple, le Majoral Jean-<br />

Victor Lalanne, secrétaire général de l’Escole Gastou Febus et son futur capdau {président} (1919-<br />

1923), fait l’éloge du Provençal Jules Ronjat qui vient de verser une cotisation à vie de 200 francs<br />

or; et d’ajouter « Avec la plus jolie facilité, il écrit et parle toutes les langues d’Oc…» (toutes las<br />

loéngues d’O). Par la suite, ce pluriel reviendra sans doute plus d’une fois chez les auteurs gascons.<br />

Par exemple, le professeur agrégé René Cuzacq (1950, pp. 5, 7, 11 etc.); ou encore chez les responsables<br />

de l’Escole; comme le capdau Denis Palu-Laboureu, professeur de lycée, dans son discours<br />

de l’assemblée générale du 1 er mai 1977 : « tous ceux qui travaillent à maintenir et faire fleurir le<br />

gascon et toutes les autres langues d’Oc. » (Reclams, 7/8-1977, p. 101); et l’année suivante, à la<br />

Ste-Estelle d’Avignon, Micheline Turon, “reine” du Félibrige, achève son toast par ces mots : « je<br />

lève [la Coupe Sante] au Félibrige et à la vie des langues d’Oc. » (Reclams, 9/10-1978, p. 133). En<br />

1985, enfin, ces mêmes Reclams, dirigés par Jean Salles-Loustau, publiaient dans leur n° 3/4-1985,<br />

p. 45, une intéressante étude de R. Saint-Guilhem, L’influence du français sur le gascon, qui<br />

s’ouvrait par ces mots : « La langue gasconne appartient au groupe des langues d’oc » 2 .<br />

Hors du domaine gascon et même du domaine d’oc et de ses divisions, on peut aussi citer un<br />

manuel d’enseignement comme l’Initiation au latin 5e de MM. Cousteix, Hinard et Weinberg<br />

(Paris, SOCODEL, 1975) : p. 56, il mentionne parmi les langues romanes « les langues d’oc ou<br />

langues occitanes » parallèlement aux « langues d’oil », et ses auteurs sont si peu hostiles à<br />

l’occitanisme qu’ils donnent en exemples des mots provençaux notés en graphie occitane unifiée…<br />

Et bien “au-dessus” de ces pédagogues de terrain, c’est le linguiste Claude Hagège, professeur au<br />

Collège de France, qui parle de « langues d’oc » dans la conférence donnée à Thiers le soir du 5<br />

novembre 1998, dans le cadre du colloque Albert Dauzat (La Montagne du 7, p. 9); les<br />

protestations des organisateurs ne le font pas changer de langage.<br />

Mais surtout, Jean Sibille passe totalement sous silence l’usage de l’expression « les langues<br />

2 Il est vrai que dans le numéro suivant (5/6-1985, p. 95), on trouvait la « Reaccion » d’un certain Pèire Baile qui considérait<br />

la publication de cet article comme « une honte pour une revue littéraire gasconne » et y voyait « les réflexions<br />

profondes d’un analphabète ». Le ton et l’absence totale de démonstration suffisent à juger cette « Reaccion ».<br />

Mais un troisième numéro (7/8/9/10-1985, p. 154) allait publier « avec le plus grand plaisir » un complément que R.<br />

Saint-Guilhem avait adressé à la revue, et «les langues d’oc » y étaient encore mentionnées.

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