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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 217 Écriture du gascon<br />

Quant au scripteur ordinaire…<br />

On imagine ce qu’il en sera pour le scripteur ordinaire, dont l’écrit “classique” sera subordonné<br />

à la révision de quelques “spécialistes” qui n’hésitent pas parfois à corriger la langue des auteurs<br />

elle-même… sans pour autant éviter les erreurs. Et sans cette révision, cet écrit fourmille d’erreurs<br />

parfaitement excusables, certes, de la part de locuteurs naturels qui n’ont jamais appris le latin ni<br />

étudié la philologie, mais qui achèvent de déconsidérer la langue. Ainsi en est-il de la chronique<br />

Marcat biarnés (“Marché béarnais”) des quotidiens palois, de la plume d’un sympathique conteur,<br />

paysan à la retraite, que son voisin M. Grosclaude dut convaincre d’écrire en graphie classique;<br />

pour ne citer que les trois morceaux gascons d’un billet de 2002 : *darrerement crevat pour darrèrament<br />

crebat; que p’ocupat per abituda d’aqueras cointas, a bos de har ! pour que v’ocupatz per<br />

abituda d’aqueras coentas, a vos de har !; la besti poeirida pour la bèstia poeirida.<br />

Et même « L’Associacion democratica d’Artics [qui] a écrit en occitan une lettre très élogieuse<br />

pour André Labarrère », association de gens supposés “plus instruits”, puisque leur commune s’enorgueillit<br />

de plaques de rues bilingues, le béarnais y étant évidemment écrit en graphie classique.<br />

Voici les passages de cette lettre tels qu’ils ont été publiés par L’Éclair du 7 juin 2002, avec<br />

en synopse la graphie classique correcte, les différences étant notées en gras :<br />

« …un hemna qui poishqui dab energia pro- « …un hemna qui poishqui dab energia promover<br />

e defender lo Païs a Paris.<br />

móver e defénder lo País a París.<br />

« Patatras ! Malàja, aqueste cop t’es plan en- « Patatràs ! Malaja, aqueste còp t’ès plan enganàt<br />

lo Dede. Que’s impausas lo David : qu’es ganat lo Dedé. Que’ns impausas lo David :<br />

cadut suu cap o que ? vienguda de la toa part, la qu’ès cadut suu cap o qué ? vienguda de la toa<br />

manobra n’ei pas abile. Nosauts biarnés, e qu’at part, la manòbra n’ei pas abile. Nosauts biarnés,<br />

savs plan, n’aiman pas recéver ordis d’aquet es- e qu’at saps plan, n’aimam pas recéber ordis<br />

candilh, de plegar la rea ei passat de moda… d’aqueth escandilh, de plegar la rea ei passat de<br />

mòda…<br />

« Lo tocamaneta ? no’n sap pas ha; la corte- « Lo tòcamaneta ? no’n sap pas har; la cortesia<br />

legendari e de cops rusada de noste, n’a tot sia legendària e de còps rusada de noste, n’a tot<br />

faus…<br />

faus…<br />

« Aus qui dénégan noste cultura, qui mespré- « Aus qui denegan noste cultura, qui mespresan<br />

la lenga occitana d’inc a esta’s shords a tota san la lenga occitana dinc a està’s shords a tota<br />

discutida, que disem no. Au reveder Dede, mes discutida, que disem no. Au revéder Dedé, mes<br />

per un cop, que t’ès enganat. »<br />

per un còp, que t’ès enganat. »<br />

Traduction – « …un femme [allusion à l’homosexualité du destinataire] qui puisse avec énergie<br />

promouvoir et défendre le Pays à Paris.<br />

« Patatras ! Hélas, cette fois tu t’es bien trompé Dédé. Tu nous imposes le David [Habib,<br />

comme candidat socialiste aux législatives] : tu es tombé sur la tête ou quoi ? venue de ta part, la<br />

manœuvre n’est pas habile. Nous autres <strong>Béarnais</strong>, et tu le sais bien, nous n’aimons pas recevoir des<br />

ordres de ce genre, plier l’échine est passé de mode…<br />

« Le tocamaneta ? [“touche-petite main”, surnom d’A. Labarrère… et de bien d’autres hommes<br />

politiques qui serrent facilement la main] il ne sait pas faire; la courtoisie légendaire et parfois<br />

rusée de chez nous, il a tout faux…<br />

« À ceux qui renient notre culture, qui méprisent la langue occitane jusqu’à rester sourds à<br />

toute discussion, nous disons non [allusion probable au fait que A. Labarrère n’a jamais caché son<br />

hostilité à l’altération par les occitanistes du béarnais, qu’il parle depuis son enfance]. Au revoir<br />

Dédé, mais pour une fois, tu t’es trompé. »<br />

La plupart des fautes d’orthographe concernent des accents qui manquent ou sont mis à tort;<br />

or ils sont essentiels en graphie classique pour déterminer l’ouverture de o [o] ou [u] et celle de e [!]<br />

ou [e], et ailleurs pour marquer l’accent tonique; et les autres fautes renforcent l’impression que les

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