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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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L’arrière-plan “idéologique”<br />

Chapitre V<br />

Pour une graphie “moderne” améliorée<br />

I – Généralités<br />

Nous avons vu au chapitre III combien la graphie classique occitane était subordonnée à une<br />

idéologie extra-linguistique (cf. p. 226). Je pense qu’on pourrait me faire le reproche d’agir moimême<br />

en fonction d’une idéologie différente, mais tout aussi discutable. Alors, autant l’avouer tout<br />

de suite en exposant l’arrière-plan “idéologique” de ma démarche.<br />

Dès mon entrée en “occitanisme” en 1982, j’ai ressenti une méfiance instinctive à l’égard de<br />

tout ce qui me semblait “politique” ou tout au moins “extra-linguistique” dans le discours occitaniste.<br />

En particulier, même si j’ai un moment cru au mythe de la “colonisation” du Midi par les<br />

Francs venus du nord, je n’ai jamais pu épingler à ma veste ou coller sur ma voiture une croix de St-<br />

Gilles, devenue l’emblème occitaniste : c’était à mon sens une nouvelle “colonisation” du Béarn et<br />

de la Gascogne, cette fois par les “Septimaniens”. J’acceptais facilement tout ce qui marquait la<br />

parenté des parlers et des coutumes du Midi, mais refusais tout ce qui aurait occulté les différences<br />

entre Béarn et Gascogne d’une part, et les autres provinces du Midi d’autre part, différences qui<br />

bien souvent rapprochaient les <strong>Gascon</strong>s des voisins d’outre-Pyrénées.<br />

À cette première méfiance s’est bientôt ajoutée mon expérience d’“apprenant” d’abord, puis<br />

d’enseignant du gascon : comme exposé au même chapitre III, p. 230, les défauts de la graphie dans<br />

la notation de la parole vivante rendaient très aléatoire l’authenticité de l’oral de celui qui n’avait<br />

que l’écrit occitan pour se repérer. Et je me suis vite aperçu que ce système était irréformable de<br />

l’intérieur, car les occitanistes en faisaient un absolu au service d’une finalité politique.<br />

Cela m’a confirmé dans le rejet de toute considération extra-linguistique pour aborder l’étude<br />

de la langue de mes pères et la définition de la graphie la plus appropriée pour son service. [Six<br />

lignes sur mes convictions personnelles que le jury a estimé n’avoir pas leur place dans une thèse]<br />

Aussi n’ai-je jamais pu m’accomoder de l’idéologie anti-française si souvent portée par le<br />

discours occitaniste, au point que je puis dater le début de ma rupture d’avec l’occitanisme du jour<br />

de l’été 1992 où j’ai eu en mains le Diccionari de mila mots de J. Taupiac; qu’on en juge par trois<br />

exemples de cet ouvrage, pourtant manifestement destiné aux jeunes enfants :<br />

– au mot causa : « S’il n’y a presque pas d’occitan à la télévision, le gouvernement français<br />

en est la cause. »;<br />

et, sans hésiter devant l’anachronisme des mots « Occitans » et « Languedociens » au XIII e s.,<br />

– au mot aimar : « Il y a sept cents ans, les Occitans et les Français ne s’aimaient pas »;<br />

– au mot lengadocian : « Les Languedociens n’ont pas oublié qu’ils eurent à souffrir des<br />

Français, il y a sept cents ans ».

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