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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 274 Écriture du gascon<br />

– dans l’Entre-deux-Mers, les deux points Beychac et Blasimon amuïssent le -n dans tous les<br />

mots étudiés, y compris dans canton {carrefour} et beçon {jumeau}, mais le prononcent vélaire<br />

dans hiçon, poison et grilhon {rillons}.<br />

Et l’on pourrait trouver bien d’autres discordances en étudiant les relevés sur l’ensemble des<br />

points d’enquête de la zone, sans compter les mots en -n non étudiés par l’ALG… Il est évident que<br />

la condition “canonique” de la graphie englobante n’est pas réalisée ici pour le -n; la seule solution<br />

conforme à l’esprit de la graphie classique serait donc de n’écrire le -n, au moins dans cette zone,<br />

que lorsqu’il est prononcé; mais alors, pourquoi l’imposer à la zone 4, pour laquelle il n’est même<br />

pas indice de nasalisation de la voyelle, alors que les troubadours ne l’écrivaient que lorsqu’il<br />

s’entendait — P. Bec nous le rappelait — et que les Catalans ne l’écrivent pas au singulier ?<br />

Pour la zone lomagnole, c’est un peu la même chose en moins grave : à part quelques réalisations<br />

en -['] déjà évoquées et qu’on notera par -nh, la quasi totalité des mots étudiés sont prononcés<br />

avec -n dental; mais on a relevé quelques -n vélaires, sans qu’on voie pourquoi ils s’écartent de ce<br />

qui pourrait passer pour une norme locale : arcolan {arc-en-ciel} et poson à Layrac, porrin et poson<br />

à Lectoure, qui hésite entre -[n] et -["] pour hiçon, lapin, et agulhon {dard (de guêpe)} à Léguevin;<br />

et aussi des -n complètement amuïs comme en languedocien voisin : aueran à Lectoure, plan {bien,<br />

adverbe} à Beaumont et Gimont, plan, pepin {grand-père} et beçon à Léguevin. Et là, à part la nonécriture<br />

du -n muet pour ces derniers cas, j’avoue ne pas voir comment distinguer en ces lieux le -n<br />

vélaire du dental.<br />

Et je n’entre pas dans la description de la dispersion des réalisations des pluriels : on trouve<br />

des -["s] bien affirmés aussi bien que des amuïssements en -[s], y compris en un même point; ainsi,<br />

Saleich, aux confins couseranais du Comminges, prononce tous les singuliers en -["] et beçons en -<br />

["s], mais heritons {grillons} en [s].<br />

De tout cela, je conclus que la notation classique généralisée par -n fonctionne de façon satisfaisante<br />

dans la majorité du domaine, et qu’il vaut mieux s’y tenir, en acceptant que les quelques<br />

prononciations “hors norme” disparaissent, faute d’être transmises naturellement par les locuteurs<br />

habituels.<br />

Reste néanmoins la question des mots grammaticaux que j’ai écartés des considérations générales.<br />

Il y a d’abord l’indéfini un qui fait l’objet de six cartes de l’ALG (VI, 2485 à 2490) selon<br />

qu’il se trouve devant un t-, un g-, un l-, un h-, un a- ou es- de estiu {été}, et de son composé degun<br />

{personne}. C’est donc quelque peu différent suivant le contexte phonétique, mais cela reste cohérent<br />

avec le traitement général du -n dans les zones définies plus haut; donc avec aussi quelques<br />

discordances en zones girondine et lomagnole. Comme il s’agit d’un mot bien isolé et d’emploi fréquent,<br />

l’apprentissage de sa prononciation ne devrait pas trop souffrir de la graphie englobante un.<br />

Enfin, il faut faire une place à part aux trois mots grammaticaux que la graphie occitane écrit<br />

arren, quauquarren et taben. Sans doute parce que de grand usage, ils ont perdu toute trace de -n<br />

dans de très vastes zones qui par ailleurs prononcent la finale-en -[e"]. Cette graphie -en ne peut<br />

donc être “englobante”, et la seule possible est arré, donc le composé quauquarré, et tabé; avec<br />

évidemment les variantes irréductibles arren et taben pour les zones réduites où justement on prononce<br />

[ta'be", ar're"] : en gros, une bande centrale du Gers allant jusqu’au Haut-Comminges pour<br />

taben et Comminges pour arren (ALG IV, 1551 et 1346).<br />

En finale atone, dont ne parlent pas les grammairiens occitanistes, le -n- étymologique est

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