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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 25 La langue gasconne<br />

Le second témoignage vient d’un “majoral” du Félibrige, Jean Monestier (1930-1992),<br />

restaurateur à Bordeaux et très engagé dans le Félibrige bordelais et périgourdin dont il présida les<br />

“écoles”, Jaufré Rudel à Bordeaux (voir plus loin, p. 77) et Lo Bornat à Périgueux. En 1980, le Pr.<br />

Robert Escarpit avait élaboré, dans le cadre de l’association Maine gascon {Domaine gascon}, un<br />

projet de Charte culturelle de la Gascogne à proposer aux autorités régionales d’Aquitaine. Mais<br />

craignant que cela ne marginalisât les autres langues d’oc d’Aquitaine, J. Monestier publia dans le<br />

Courrier français du 10 octobre un article Pour une Charte culturelle occitane :<br />

« […] Malgré le “vœu pieux” de soutenir les autres chartes culturelles occitanes. Il<br />

est bien évident que lorsque tous les crédits auront été absorbés par le domaine gascon,<br />

lorsque tout le temps d’antenne sera occupé : il ne restera rien pour les autres.<br />

« De plus, le concept de langue gasconne est dangereux et contraire du reste à la loi<br />

n° 51-46 du 11 Janvier 1951 (Loi Deixonne) qui ne parle avec juste raison que de Langue<br />

Occitane et d’ensemble culturel Occitano-Catalan.<br />

« Si nous acceptions la notion de langue gasconne, nous aurions demain la langue<br />

périgorde, la langue limousine ou la langue auvergnate, alors qu’il n’existe qu’une langue<br />

d’oc une, et diverse, ainsi que l’écrit fort justement le Majoral Fournier dans son ouvrage<br />

Mon premier livre d’Oc.<br />

« Il serait impensable de parler des langues italiennes ou des langues françaises, alors<br />

repoussons tout ce qui peut prêter à une confusion aux buts inavouables : il n’y a pas des<br />

langues d’oc. »<br />

Per noste-Païs gascons qui reproduisait cet article (n° 83 de 3/4-1981, p. 15) le faisait précéder<br />

d’une “note de la rédaction” approbatrice, en gascon, qui s’achevait ainsi :<br />

« Personne ne s’étonne quand le Québec se lie au Français pour demander<br />

l’autonomie ou quand le général De Gaulle cria : “Vive le Québec ! le Québec… LIBRE !”<br />

mais le vieux centralisme jacobin crie au scandale quand nous affirmons l’unicité et l’unité<br />

possible du continent occitano-catalan dans une Europe des Ethnies. »<br />

D’emblée, J. Monestier affiche les enjeux : il y a concurrence entre les parlers d’oc, et s’il<br />

craint d’être marginalisé face au gascon, il compte bien inverser la tendance dans un grand ensemble<br />

d’oc. Mais sur la question linguistique proprement dite, aucun argument scientifique.<br />

À la place, une référence juridique, par l’invocation de la loi Deixonne sur laquelle je reviendrai<br />

plus loin, p. 31. Mais ici même, on doit observer que J. Monestier abuse le lecteur en faisant<br />

mention d’un « ensemble culturel Occitano-Catalan » qu’on chercherait en vain dans le texte de<br />

loi ! Bien au contraire, son article 10 énumère distinctement le « catalan » et « la langue occitane »;<br />

et l’article 11 de même, traite successivement de « la langue et de la littérature catalanes » (art. 11,<br />

c) et « de la langue, de la littérature, de l’histoire occitanes » (art. 11, d).<br />

Enfin, J. Monestier poursuit par des affirmations bien martelées, mais sans preuves, ceux qui<br />

seraient d’avis contraire ne pouvant poursuivre que des « buts inavouables ».<br />

La “note de la rédaction” de Per noste vient honnêtement confirmer ma lecture : la question<br />

est (géo)-politique, un point, c’est tout.<br />

C’est encore semble-t-il dans ce contexte de réaction au pluriel de “langues d’oc” que se place<br />

la présentation de la « Situation du parler de Béarn dans l’ensemble occitan », paragraphe signé<br />

par Michel Grosclaude aux pages 10-13 du Petit dictionnaire français-occitan (Béarn) publié sept<br />

ans plus tard, en 1984 (cf. pp. 43 et 159). Même force d’affirmation chez cet homme de foi<br />

protestante et de foi occitane que je présenterai plus longuement p. 40 :

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