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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Victimes de la modernité<br />

Chapitre V<br />

Y a-t-il un avenir pour des langues “régionales” ?<br />

Le déclin du gascon et des langues d’oc que nous venons de constater fait certainement<br />

beaucoup de peine à ceux qui ont conscience des valeurs qu’elles portent; et sans doute en est-il de<br />

même des autres langues “régionales” de France. Mais n’est-ce pas inscrit dans une Histoire qu’on<br />

ne refera pas ? En transposant l’expression d’Alibert sur l’abandon de la langue gauloise devant le<br />

latin, les « autres langues de France » ne peuvent lutter avantageusement avec la langue de Paris.<br />

Parce que deux mots sont la clé, le ressort de nos efforts : ascension sociale, faire mieux que<br />

père et mère et permettre aux enfants de ne pas connaître les difficultés, parfois la pauvreté que<br />

nous avons éprouvées nous-mêmes. Et même, dans La lecçon de francés, court récit d’autrefois en<br />

appendice à Vie et mort de personne de Pierre Calmette (éd. Vent terral, 2001), c’est la grande sœur<br />

qui invite parents et petit frère à parler français et abandonner le patois. « Pas besoin d’un hussard<br />

noir » commente le critique Léon Castel (Occitans ! n° 104, 1-2/2002, p. 19). Car quelle est la<br />

langue des examens qui consacrent la réussite scolaire ? En quelle langue s’écrivent les livres<br />

dispensateurs du savoir dans presque toutes les matières ?<br />

C’est l’évolution du monde qui a fait disparaitre la société et le mode de vie ruraux où<br />

s’étaient maintenues les langues d’oc, leur biotope comme disent ceux qui veulent, à coup de<br />

millions d’euros, faire revivre l’ours dans les Pyrénées. Résultat :<br />

« Les langues et cultures régionales ou minoritaires ont été largement laminées. Je<br />

sais bien que leur transmission familiale s’est arrêtée vers 1960. Elles sont mortes en<br />

patois, sans se défendre, mortes d’innocence. » (R. Lafont, 2000).<br />

Certes, voulant être optimistes, A. Kristol et J. Wüest écrivaient en 1985 (p. 52) :<br />

« en définitive, le béarnais ne peut être sauvé que si un nombre croissant de <strong>Béarnais</strong><br />

sont prêts à parler béarnais avec leurs enfants. Sur ce plan-là, nous sommes totalement<br />

d’accord avec Robert Lafont (1984, Pour retrousser la diglossie, Lengas n° 15, p. 31)<br />

quand il dit “une langue qui n’est pas la langue de la petite enfance n’est point langue<br />

sociale du tout.” »<br />

Mais on se doute bien que cela ne pouvait être, car les jeunes parents de 1985 ne parlaient<br />

déjà plus béarnais eux-mêmes.<br />

L’illusion de l’officialisation<br />

La voie familiale n’ouvrant guère d’espoirs, le mouvement occitaniste organise périodiquement<br />

des manifestations « Occitan, langue officielle », comme si l’admission de l’occitan — au<br />

fait, lequel ? — à un statut de co-officialité avec le français permettrait de revitaliser la langue.<br />

C’est souvent une grande maladresse, car les effectifs squelettiques des manifestants révèlent<br />

au grand jour la faiblesse du mouvement. Par exemple, le 27 mai 2000, ils étaient 500 à Toulouse,<br />

cœur de l’« Occitanie » virtuelle, pour une agglomération de plus de 600 000 habitants ! (Occitans !<br />

n° 96, 5-6/2000, p. 11).<br />

C’est surtout méconnaitre les expériences d’autres pays. Et d’abord celle irreproductible de<br />

l’état d’Israël, citée par Henri Polge, Directeur des Archives départementales du Gers, à la fin d’un<br />

article sur l’innovation lexicale (Via Domitia, n° XVII, 1972, p. 60) :

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