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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Prologue<br />

Dans un article sur les langues dites “régionales”, M. Alain Peyrefitte, ancien ministre et<br />

membre de l’Académie française, fondait notamment son opposition à leur emploi public sur le fait<br />

que ce n’étaient que des langues orales, sans écriture, et donc impropres à un tel usage. C’est sans<br />

doute vrai pour un certain nombre d’entre elles, surtout si l’on considère l’impressionnante liste<br />

dressée par le Pr. Bernard Cerquiglini qui en compte 75 sur le territoire de la République. Mais<br />

l’éminent académicien connaissait sans doute mieux la Chine que nos pays, car pour peu que l’on<br />

ait ouvert des livres d’histoire, on s’aperçoit que l’écrit en langues d’oc fut celui de l’administration<br />

et de la justice de la France, de l’Angleterre, de l’Empire et même de la petite Navarre, dans ce qui<br />

est devenu le Midi de la France.<br />

Il a cependant tout à fait raison en ce sens qu’à l’époque moderne des relations à distance,<br />

l’écrit est un des principaux vecteurs de toute langue, comme celle-ci l’est de toute pensée. D’où<br />

l’identification que l’on fait entre lettres — le signe matériel qui sert à écrire — et pensée, qui ne<br />

relève pas du domaine quantifiable des mathématiques et des sciences de la matière; et la tendance<br />

à considérer qu’une langue n’a pas de littérature quand il n’y a pas d’écrit pour transmettre sa poésie,<br />

son histoire et ses légendes. Pourtant, Homère s’est chanté bien avant d’être écrit !<br />

Quoi qu’il en soit, le gascon s’écrit au moins depuis le XII e s. (Chartes du Comminges éditées<br />

par C. Brunel) et a produit aux XIX e et XX e de nombreuses œuvres littéraires de valeur. Mais chaque<br />

fois que s’est manifesté un courant littéraire — encore les lettres ! — en faveur d’une langue<br />

traditionnelle qui tendait à disparaitre devant une autre, on s’est posé la question de son écriture. Et<br />

à chaque fois, on s’est efforcé d’établir un système qui soit à la fois fidèle à la tradition et accessible<br />

au commun des locuteurs.<br />

Ainsi, au fil des siècles, les générations de clercs et d’écrivains ont perfectionné l’outil de<br />

l’écriture des langues du Midi de la France… même si les avancées sur certains points s’accompagnèrent<br />

parfois de reculs sur d’autres. Mais si l’on avait trouvé LE système parfait, mes travaux<br />

n’auraient pas leur raison d’être; mon itinéraire personnel dans la connaissance de la langue gasconne<br />

m’a en effet conduit à étudier les deux grands systèmes orthographiques en usage pour<br />

constater qu’aucun n’était pleinement satisfaisant pour les besoins de notre époque. D’où mes travaux<br />

sur ces questions, travaux principalement publiés dans ma petite revue Ligam-DiGaM; et d’où<br />

la présente thèse, dont l’idée m’est venue de l’accueil fait à ces travaux par des personnes bien plus<br />

compétentes que moi. Mais avant d’entrer dans le sujet, il me parait utile de rappeler succinctement<br />

ce que fut mon itinéraire.<br />

MON ITINÉRAIRE PERSONNEL<br />

À l’origine, il y a quelque évènement fortuit qui m’a conduit, à 50 ans passés, à retrouver la<br />

langue de mes pères, comme béarnais d’abord, puis comme gascon, tous membres de la famille<br />

d’Oc. Le désir d’en savoir plus me fit aussi découvrir l’Escole Gastoû Febus, le manuel de Michel<br />

Grosclaude Lo gascon lèu e plan, les stages béarnais de Bedous, l’association occitaniste Per Noste<br />

et plus encore sans doute, les hommes et les femmes qui, <strong>Béarnais</strong> de souche ou non, œuvrent pour<br />

maintenir vivante la lengue mayrane. Leur exemple m’entraina.

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