Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 329<br />
Écriture du gascon<br />
demeurant, cela ne bouleversera pas ce qu’on trouve déjà dans le Palay.<br />
Et comme en graphie classique, on admettra l’exception traditionnelle des suffixes en -as, -is,<br />
et -os, notés par -s quoique issus des latins ‘-aceu’, ‘-iceu’ et ‘-oceu’ : aygas {grande flaque d’eau},<br />
embrouxadis {sortilège}, cabos {chabot}. Néanmoins, comme je l’ai fait observer p. 287, cette graphie<br />
occulte la prononciation particulière de Bethmale et ses environs qui oppose s [s] à ç [,]; ainsi,<br />
la “toile pour battage” y est prononcée [bu'rra,o] (ALG II, 301) et pourra donc s’y écr ire bourrace.<br />
Le son /t/ final<br />
Après consonne (c, n, r, ou s), le -t étymologique est très généralement muet; conformément<br />
au principe selon lequel « Toutes les consonnes doivent être prononcées » (Palay, Dic. p. XI), on ne<br />
doit donc pas écrire ce -t dans les parlers qui ne le font pas entendre, bien qu’il réapparaisse généralement<br />
dans les dérivés : lou bos, la houn, la cour, l’ahourès {le bois, la fontaine, la cour, le pacage<br />
dans les bois}; mais bien entendu, on l’écrit dans les parlers où il s’entend : la hount, la court etc.<br />
Il en est de même du -d étymologique qui est généralement muet même après voyelle, et qui<br />
néanmoins peut s’entendre -[t], en Médoc notamment : dans ce cas, on écrira -d, malgré les règles<br />
de 1900 et 1905, qui donnaient la préférence à -t, mais selon le choix explicite de Palay (cf. pp. 139<br />
et 309) : une fois encore, la référence à l’étymologie pour le choix entre graphèmes n’est pas une<br />
prétention savante, mais un moyen de faciliter l’intelligence de l’écrit : hred [rret] rappelle mieux<br />
“froid” que le purement phonétique ret. On écrira donc pè ou pèd {pied} ([p!t] en Aspe), goa ou<br />
goad {gué, lavoir} ([gwa] à St-Sever et Hagetmau, [gwat] à Pomarez - ALG III, 715), nud {nu},<br />
hred; bor ou bord {=}, droullard {grand adolescent, augm. de drollë}, hengard {hangar} etc.<br />
Écarter x des emplois autres que /'/<br />
Comme en graphie classique, c’est un corollaire de l’affectation de x à la notation de /#/. Mais<br />
le x a toute une histoire dans la graphie moderne, et il me parait opportun de la rappeler.<br />
Lespy était favorable à l’emploi de x pour noter /#/ et des Félibres de la fin du XIX e s. en<br />
avaient usé. Mais cela parut trop loin du français appris à l’école et les Félibres y renoncèrent rapidement.<br />
Cette lettre fut donc purement et simplement supprimée de l’alphabet proprement béarnais<br />
selon les règles adoptées par l’Escole Gastou Febus en 1900 :<br />
« Les signes z, x, v ne sont employés que pour écrire des noms propres; le signe k ne<br />
l’est pas du tout. »<br />
Pourtant, les règles de 1905 allaient réintégrer cette lettre dans l’alphabet, et le z avec elle :<br />
« Le béarnais a toutes les consonnes de l’alphabet français, à l’exception du k qui<br />
n’est jamais employé et du v qui ne s’écrit que dans les noms propres. »<br />
Il était précisé en outre :<br />
« 31. L’x, telle qu’elle est articulée dans le mot français « fixe » se fait entendre,<br />
suivant la remarque de Lespy (Gram. n° 165 et Dict. tome II page 353), dans les mots : examina,<br />
exercìci, exi, bexa, etc. Elle figure, avec cette articulation, dans des textes divers<br />
que cet auteur cite soigneusement au cours de son dictionnaire. Bien que la prononciation<br />
populaire ne concorde pas toujours avec ces indications, il a paru à la commission que les<br />
différentes nuances : cs, gz, ts, tz, dz, devaient être uniformément rendues par x, dans les<br />
mots qu’on vient d’énumérer. De la sorte, chaque dialecte prononcera à sa guise et<br />
l’orthographe restera invariable. »<br />
Ainsi, l’éminent romaniste qu’était le Pr. Édouard Bourciez, signataire des normes de 1900,<br />
avait fort bien senti que la phonologie du béarnais n’avait pas besoin de cette lettre qui, du moment