Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 252 Écriture du gascon<br />
oa : boalar, doana… La sagesse consiste ici encore à n’user que de oa dans tous les cas; ainsi le<br />
gascon abandonnera son guapo pour goapo, comme en occitan, et notera aussi goarir, goaire etc.<br />
VII – Les phonèmes semi-consonantiques<br />
Cette section réunit l’étude des deux phonèmes semi-consonantique /w/ et /j/ qui ont en commun<br />
de constituer une particularité gasconne qui remonte probablement aux origines, de ne pas<br />
couvrir l’ensemble du domaine, du fait sans doute de leur substitution par les phonèmes /./ et /2/,<br />
probablement venus des langues voisines, et d’être pratiquement ignorés par la graphie classique,<br />
dans la mesure ou leur notation ordinaire par v et j (ou g devant e et i) privilégie les réalisations de<br />
substitution.<br />
/w/ intervocalique noté par -u-<br />
On sait que les trois-quarts du domaine gascon prononcent [w] ce qui est v intervocalique en<br />
occitan; ou plus précisément, un grand nombre de ces v. Tendant à l’unité graphique “panoccitane”,<br />
L’application… fixe la graphie par -v- comme règle, mais ajoute :<br />
« Dans les parlers où le b et le v latins intervocaliques aboutissent à u (w semiconsonne),<br />
au lieu de v, on admettra les doubles graphies : víver ou víuer, déver ou déuer,<br />
dava, ou daua, ivèrn ou iuèrn. »<br />
En fait, pourtant, très peu d’auteurs usent de cette tolérance, sans doute parce que bien peu<br />
sont issus des régions en [w], mais aussi, probablement, par souci d’être lus facilement sur<br />
l’ensemble gascon, où la graphie béarnaise en -v- fait figure de norme. C’est notamment le cas de P.<br />
Bec, issu du Comminges qui dit [w] : podèvi, Contes de l’Unic, 1977, p. 9; s’avancèc, Sebastian,<br />
1981, p. 9; sabèva, Racontes d’ua mòrt tranquilla, 1993, p. 5, etc.<br />
En 1975, la tolérance fut contestée par un enseignant du Bazadais, Jean-Pierre Laliman : il<br />
l’estimait inutile car pour lui, le v unitaire à double lecture suffisait (P.N. 51, 11-12/1975, p. 2, rubrique<br />
Los legidors qu’an la paraula {Les lecteurs ont la parole}); avec prudence, et l’accord<br />
d’André Bianchi, M. Grosclaude prit le parti du lecteur, ce qui ne pouvait poser problème à Per<br />
Noste, majoritairement béarnais, donc hors de l’aire où il faut décoder -v- en [.] ou en [w]. Mais<br />
douze mois après, J. Taupiac répondait en sens opposé (Q.L.O. n° 4, 12/ 1976, p. 16); dans le n° 10<br />
des mêmes Q.L.O., Daniel Séré approuvait Taupiac, et celui-ci devait exposer à nouveau son point<br />
de vue dans Normalisacion grafica e normalisacion lingüistica, 1984, p. 36.<br />
Face à des réalisations aberrantes comme celles de devisar et alavetz en [dewi'za] et<br />
[ala'we1], J. Taupiac énonçait ainsi le dilemme gascon :<br />
« a) Ou les écoliers et les lecteurs doivent apprendre la longue liste des mots où le v<br />
représente le phonème /b/ et ceux où il représente /w/ […].<br />
« b) Ou les graphies v et u sont admises […] ».<br />
La seconde solution, seule officielle à l’I.E.O., lui semblait « plus réaliste » et il la fit adopter<br />
dans les normes aranaises (cf. p. 158).<br />
Dans un premier temps, une étude des cas où v se lirait [w] dans les zones concernées m’avait<br />
fait admettre la position de J.-P. Laliman, M. Grosclaude et A. Bianchi, car la liste à apprendre pouvait<br />
se réduire en dégageant une série de cas : imparfaits en -ava, -èva ou -iva, dérivés de -au, -eu,<br />
-iu; mais au-delà, il restait toujours une liste à apprendre… (Ligam-DiGaM n° 6 d’Octobre 1995,<br />
pp. 34-40).