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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 344 Écriture du gascon<br />

Cette comparaison n’appelle pas beaucoup de commentaires; en revanche, je suis à peu près<br />

certain du résultat si l’on donne ces textes à lire à des <strong>Gascon</strong>s ordinaires, qui n’ont qu’une vague<br />

connaissance de la langue, mais que l’École de la République a bien formé à la lecture du français.<br />

Plus prosaïquement, voici quelques chiffres sur les lettres accentuées de cette parabole.<br />

Statistique des lettres accentuées<br />

Dans la Parabole de l’Enfant prodigue (environ 750 lettres) :<br />

Voyelles Classique Classique Moderne Moderne<br />

accentuées I.E.O. DiGaM DiGaM E.G.F.<br />

à 1 2 1 6<br />

â<br />

3 3<br />

é 3 3 8 10<br />

è 17 17 17 17<br />

ê<br />

5<br />

ë<br />

í<br />

ì<br />

ó<br />

ò<br />

ù<br />

û<br />

ü<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4<br />

5<br />

3<br />

2<br />

6<br />

2<br />

1<br />

12<br />

2<br />

1<br />

1<br />

11<br />

Total 33 36 55 51<br />

Entre les deux graphies classiques, DiGaM a un à de plus que l’I.E.O. pour une 6 ème personne<br />

(donc achevée par -n) mais paroxytonique, donc traitée suivant la règle générale des paroxytons<br />

achevés par consonne; et deux ü pour Qüand et Qüandes prononcés [kwa]; en réalité, le tréma est<br />

bien prévu par la norme de l’I.E.O., mais les occitanistes gascons ne l’appliquent pas.<br />

La graphie moderne DiGaM a un û de plus que celle de l’E.G.F., à cause d’un Û majuscule,<br />

non noté par R. Canton. Et ces 12 (ou 11) û sont dus à l’article indéfini ûn à -n “instable”, vélaire ou<br />

muet. Il y a accord entre les modernes sur â, mais non sur ê que l’E.G.F. a renoncé à noter, bien<br />

qu’il soit nasalisé comme â ou oû… Pèsent lourd, de toute façon, les voyelles à accent circonflexe,<br />

mais elles règlent deux problèmes : surtout, l’opposition entre finales en -n nasal et -n vélaire, sans<br />

avoir à marquer les premières par un -nn étymologique ou analogique; et accessoirement, le rappel<br />

systématique du -n- intervocalique amuï, qu’il nasalise ou non la voyelle qui le précédait.<br />

Enfin, une part de la surcharge dans la graphie moderne DiGaM tient au ë, rançon du maintien<br />

du -e de 700 ans d’écrit gascon pour ses avantages intrinsèques rappelés plus haut, -e dont Sarrail<br />

regrettait l’élimination occitaniste quand il écrivait à l’abbé Saint-Bézard, Armagnacais : « Je regretterai<br />

l’e béarnais si joli, si facile, et qui mettait d’accord Béarn, Bigorre et Landes... et même<br />

l’Armagnac. » (lettre du 17 janvier 1965, Reclams n° 9-10/1981, p. 138). Mais aujourd’hui, sans ce<br />

ë, comment celui qui ne connait pas naturellement la langue distinguerait-il le /e/ du /œ/ ou /o/ ?<br />

Reste à savoir maintenant ce qu’en penseront les amis de la langue gasconne, ceux qui la parlent<br />

et voudraient pouvoir l’écrire sans trop de peine, et ceux qui voudraient bien l’apprendre, mais<br />

sans trop de complications.

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