Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 234 Écriture du gascon<br />
C’est donc aux grammairiens et lexicographes de bien comprendre ces principes et de les appliquer.<br />
Je vais m’y essayer en donnant d’abord un bref commentaire de chacun d’eux, justifiant<br />
éventuellement la nouvelle rédaction que j’en propose, puis celle-ci en synopse avec le texte<br />
d’Alibert, et enfin l’interprétation que je crois pouvoir en donner.<br />
Principe A : recours aux graphèmes de l’« ancienne langue »<br />
Ce premier principe mêle un vœu pieux, une intention, avec une règle : adopter les notations<br />
graphiques de la langue ancienne est une règle, dire que l’orthographe de l’ensemble des parlers<br />
occitans sera « sensiblement » la même, c’est en tirer une conséquence, c’est affirmer le but<br />
poursuivi, cela ne peut être une règle.<br />
A.— L’orthographe de l’ensemble des parlers<br />
occitans sera sensiblement unique. Elle sera<br />
basée sur l’emploi des mêmes notations empruntées<br />
en grande partie à notre ancienne langue.<br />
A.— L’orthographe de l’ensemble des parlers<br />
occitans sera basée sur l’emploi des mêmes<br />
notations empruntées en grande partie à notre<br />
ancienne langue. Elle sera donc sensiblement<br />
unique.<br />
Un seul point de doute, mais d’importance : Quelle est l’« ancienne langue » de référence ? Il<br />
suffit d’observer les exemples abondamment fournis par La réforme… : tous sont pris dans le languedocien,<br />
et certains sont en opposition directe avec l’héritage multiséculaire du gascon consacré<br />
par L’application… (un seul exemple : La réforme… ne retient que amb pour “avec”, alors que<br />
c’est dab la forme gasconne quasi générale); c’est donc que pour La réforme…, l’ancienne langue<br />
ne peut être que l’ancien roman d’oc central, “langue des troubadours”; c’est sans doute l’ancêtre<br />
commune du languedocien, voire du provençal, mais certainement pas du gascon, langage estranh<br />
pour les anciens, de Raimbaut de Vaquèiras dans son Descort (cf. Bustos, 1990) aux Leys d’Amor.<br />
Et cette interprétation est pleinement conforme avec ce qu’Alibert lui-même devait écrire<br />
dans son étude La langue d’oc publiée dans les Annales de l’I.E.O. deux numéros après La réforme…<br />
:<br />
« Dès la naissance de notre langue, le gascon et le catalan ont des caractères phonétiques<br />
bien tranchés qui les distinguent de la langue des troubadours. Cependant, les futurs<br />
dialectes sont déjà reconnaissables : limousin, auvergnat, provençal, languedocien, dauphinois.<br />
L’unité de la langue des troubadours était toute relative. » (1951, p. 53)<br />
Or en appliquant les principes au gascon par un texte autonome, L’application… ne peut se<br />
référer qu’à l’ancien gascon qui jouit, notamment sous sa forme béarnaise, d’une tradition graphique<br />
originale que j’ai déjà décrite sommairement (p. 103). Mais cela ne coupe pas le gascon de<br />
l’ensemble d’oc, dans la mesure où la source latine est commune, d’où découlent de nombreux<br />
points de rencontre entre l’ancienne graphie du gascon et celle de l’“occitan”, et où le principe H<br />
préfère les graphies qui maintiennent le lien avec les langue romanes.<br />
Principe B : graphie « phonétique », graphie « d’origine »<br />
Ce deuxième principe crée deux sous-systèmes, selon que les mots sont de formation<br />
populaire ou savante; il vaut donc mieux le diviser en deux, B1 et B2; et si le régime des derniers<br />
est clair (tout en corrigeant le remplacement de ti par ci et non par c seul) il faut préciser le régime<br />
des premiers. En effet, en plus du remplacement du mot « phonétique » par le mot « phonologique »<br />
plus approprié, il faut expliciter le « en principe » par la mention des exceptions importantes posées<br />
par les principes D à H, qui ne peuvent viser les mots de formation savante !