Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 251 Écriture du gascon<br />
VI – Les diphtongues<br />
Hormis l’insoluble notation de [wi] atone (cf. pp. 189 et 293), il n’y a que quelques anomalies<br />
à éliminer.<br />
oe/oè pour noter /we/ ou /w$/, et non, selon les, cas ue/uè ou oe/oè<br />
/we/ ou /w!/ s’est écrit oe dès les temps lointains où u a pris la valeur de /y/, c’est-à-dire u<br />
français, tandis que o bref tendait à devenir /u/, donc ou français. Cette graphie a traversé les siècles,<br />
jusques et y compris aux normes donnés par Alibert en 1942 dans le cadre de la S.E.O. (cf. p.<br />
140). Mais comme certains mots tels que coer s’écrivent cuèr en languedocien, qui le prononce<br />
[ky!], L’application… de 1952 a choisi cuer pour le gascon, étant entendu que la prononciation y<br />
serait [kwe]. Mais c’était oublier que ue/uè resteraient [3e/3!] dans des mots comme mansuetud,<br />
Manuèl, fuèl ou encore les possessifs eth sué, eth lué, tandis que /we/ ou /w!/ continuerait à s’écrire<br />
oe/oè dans yoen / joen, boèr etc… Cela devient vite inextricable pour ceux qui s’essaient à lire et<br />
écrire : comment expliquer que le bœuf bueu s’écrit par ue et que le bouvier boèr s’écrit par oè ?<br />
C’est le régime de l’obéissance aveugle : « cherchez pas à comprendre ! ». Le tout pour une poignée<br />
de mots qui se rapprocheront visuellement du languedocien, car si cuer, uelh, sont proches de cuèr,<br />
uèlh languedociens, huec, bueu, nueit… restent encore assez loin de fòc, buòu, nuèch… de l’occitan<br />
“standard”. Et sans compter les hypercorrections, déjà signalées p. 147, de ceux qui écrivent par uè<br />
les gallicismes issus de oi français prononcé à l’ancienne (patuès, istuèra…).<br />
Le même problème semble d’ailleurs s’être posé en limousin. Cette langue d’oc n’a pas fait<br />
l’objet d’une norme particulière de l’I.E.O., mais le Centre d’estudis occitans de l’Université de<br />
Montpellier III a édité en 1974 l’ortografia occitana / lo lemosin, brochure de 55 p. rédigée par<br />
deux occitanistes limousins, Peir Desrozier et Joan Ros. On y lit p. 25 (traduit du limousin) :<br />
« — diphtongaison de /o/, /u/ toniques en /we/ : luenh ~ lonh, besuenh ~ besonh, genuelh<br />
~ genolh, etc… ». {loin, besoin, genou}<br />
C’est donc la même règle que pour le gascon. Dans la pratique, cependant, des /we/ de cette<br />
espèce étaient notés par oe dans le numéro 86 de la revue occitaniste La clau lemosina, début 2000,<br />
le dernier qui ait été publié : sous la plume d’Andriu Vernon (pp. 3-6), besoenh, loenh, mais luec<br />
{lieu}; et si J.-F. Renon (pp. 10-12) note tout par ue, le dernier mot de la p. 12 est soenh {soin}; et<br />
p. 17, “La Mili” écrit fautuelh {fauteuil} et januelh {genou}, graphies ambivalentes car valant /3e/<br />
au premier, un gallicisme, et /we/ au second. C’est dire qu’on a là un problème qui dépasse le domaine<br />
gascon, et que la graphie occitane officielle a mal traité.<br />
Or on a vu p. 151 que pour le gascon, J. Séguy avait choisi voeitada, hoec, oelh et que X. Ravier<br />
écrivait coeisha, hoec, voeida, coélher; mais sues pour le possessif prononcé [s3es]. C’est de<br />
pur bon sens, conforme à la continuité des graphèmes de l’ancienne langue, et parfaitement pédagogique.<br />
Je recommande donc oe/oè pour noter /we/ ou /w!/ quelle que soit l’étymologie, ce qui<br />
permet de réserver ue/uè à la notation de /3e/ ou /3!/.<br />
oa pour noter /wa/ dans tous les cas (hormis après q, qua; cf. p. 271)<br />
Le son /gwa/ n’existe semble-t-il en occitan que dans deux mots du Dictionnaire d’Alibert,<br />
cogoacha et goapo. Il y est noté par goa, comme en gascon de toujours. Or ici, c’est à l’imitation<br />
du catalan que l’on fait écrire gua en gascon, tandis qu’après les consonnes autres que g, on écrit