Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 269 Écriture du gascon<br />
C.L.O. de supprimer en gascon les h des noms propres étrangers, réaction déjà exprimée par un article<br />
de M. Grosclaude dans le n° 196, 1-2/2000, pp. 15-16 : la graphie normalisée ne peut être un<br />
lit de Procuste.<br />
En revanche, aucun h muet ne doit être écrit. Ainsi, tandis que le français note avec un h les<br />
interjections monosyllabiques (ha !, hé !… ah !, bah !…), l’occitan d’Alibert s’en abstient (Gramatica,<br />
p. 258), puisque le phonème /h/ n’existe pas dans cette langue et que la lettre h n’y sert que<br />
comme élément des graphèmes complexes lh et nh. Il doit en être de même en gascon, dont la graphie<br />
exclut tout h étymologique amuï : ‘habet’ > (qu’) a en gascon moderne, ha en catalan et en ancien<br />
gascon (cf. Lespy).<br />
Ainsi, dans les interjections, il n’y a d’[h] qu’à l’initiale : hèi !, hòu !…; en finale, il n’y en a<br />
pas plus en gascon qu’en occitan, il ne faut donc pas les noter.<br />
Certes, Palay écrit ah !, eh/èh ! et oh !, mais ce sont sans doute des réminiscences du français,<br />
puisque le -h n’y pourrait être que diacritique.<br />
C’est donc avec raison que, dans l’Initiation au gascon (1974), R. Darrigrand écrit A ! (pp.<br />
122, 155), bò ! (p. 45), O ! (pp. 118, 127, 203, 237), O tè ! (pp. 50, 122), mais un isolé Oh ! (p.<br />
111). Tandis que, dans Lo gascon lèu e plan, pourtant postérieur à la décision de l’I.E.O., M. Grosclaude<br />
écrit comme Palay ah ! (p. 53) et oh ! (p. 33)… Mais le Civadot de 1984 auquel il participa<br />
traduit correctement “eh bien !” en e ben !; même graphie dans la Grammaire de Hourcade (1986,<br />
p. 244) et dans Atau que’s ditz (1998).<br />
La logique de la langue et du système d’écriture classique exige donc les notations sans h : a !<br />
ba ! bò ! e ! ò !<br />
Le son /k/ en général et en finale<br />
Les deux premiers alinéas de L’application… sur le son /k/ ne posent guère de problème :<br />
« Le son k, devant a, o, u, et consonnes, est noté par c et, devant e, i, par qu : carn, còr,<br />
cuèr, clar, crum, tenca, terròc, pequi, queva, quèra, qui, quin.<br />
« A la finale, si l’étymologie l’exige, on notera g : renèg (de “renegare”). »<br />
Le premier alinéa consacre simplement l’élimination générale du k et celle de qu devant a, o<br />
et u, sauf les cas visés par les troisième et quatrième alinéas qui seront étudiés plus loin. En pratique,<br />
cependant, et suivant la tendance déjà observée (cf. pp. 170, 175, 178 et 188), on utilise le k<br />
pour les mots étrangers sentis comme tels (whisky); il faut sans doute y ajouter les symboles internationaux<br />
d’unités de mesure : km, kg, kw…<br />
Le second alinéa n’étant qu’un cas particulier de la notation des sonores étymologiques assourdies<br />
en finale, comme hred {froid} < ‘frigidu’ [ret]; mais c’est si peu évident que l’exemple<br />
même renèg {reniement} a été “renié” — le jeu de mot était trop tentant — par le point 10 de la décision<br />
de l’I.E.O. de 1985 : « S’écrivent avec un -c final les mots lo renèc, lo rebrec, l’emplec. »<br />
J’ai pu relever chez P. Bec lui-même des hésitations; ainsi, dans Sebastian (1981), gorg par 3<br />
fois, pp. 45, 86 et 102, et gorc une, p. 15; et dans les Contes de l’Unic (1977), il devançait la décision<br />
de l’I.E.O. avec renèc, p. 64, arrenecs {jurons}, p.130.<br />
Comme la majorité des mots en -/k/ viennent d’étymons en -c- ou -cc- (yòc {jeu} < ‘jocu’, sac<br />
{sac} < ‘saccu’, etc.) on peut laisser à la sagacité des lexicographes le soin d’appliquer cette règle,<br />
sans trop d’illusions sur la capacité des scripteurs à en mémoriser les applications.