Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 183 Écriture du gascon<br />
qu’on entend » (p. 30); cela exclut les notations étymologiques : rét < ‘frigidu’ et non réd; mais pas<br />
toujours : « Pour le choix de c ou qu devant a ou ou, on s’est rangé à la tradition, fondée sur<br />
l’étymologie : câ (chien), co (cœur), mais quatoùrzé (quatorze), quoàté (quatre) » (p. 31). Pour /s/,<br />
sa transcription « peut être laissée à l’appréciation de chacun car une solution uniformisante<br />
heurterait trop les habitudes. » (ib.). En tout cas, les auteurs écartent le -ç en finale, comme Lespy<br />
— qui n’en usait jamais — et Palay; donc dous, et par conséquent « dousse (douce), doussou<br />
(douceur) plutôt que douce, douçou »; et dans le dictionnaire, bras, abrassa… mais braçalét.<br />
• pour noter les sons, on utilise les lettres et combinaisons de lettres du français, sauf<br />
particularités béarnaises héritées de la tradition : lh, th; diphtongues en ay, ey, èy…; au, eu, èu…;<br />
cela permet de « transcrire la plupart des sons empruntés récemment au français » (p. 21). En fait,<br />
cette remarque ne concerne que le v de televisioû, universitat, vaccî, vaccina, velo, voèle, voature;<br />
car le système n’a pas de graphème pour « les eu de peuneu “pneu” » (ib.);<br />
• on note par des accents tout ce qui peut faire hésiter le lecteur; ainsi, tout /e/ tonique est noté<br />
é; et le /e/ final posttonique, de même, ce qui entraine l’obligation de noter en plus la syllabe<br />
tonique : càdé, védé, lèbé, coùrré;<br />
• en présence de variantes de prononciation, on s’efforce de les noter par un seul graphème à<br />
réalisation variable suivant les lieux (comme la “graphie englobante” de l’I.E.O.) :<br />
– éy reste noté ainsi même s’il se réalise souvent en [!"] dans l’ouest du Béarn;<br />
– -th final se réalise en -t, -ty (proche de ky), tch ou ch selon les régions;<br />
– sl se prononce, selon les mots et les lieux, [sl], [zl], [hl] ou [l:] (l long) ou [zl] seulement,<br />
tandis que le Dictionnaire classique de G. Narioo et autres que nous allons voir de suite<br />
admet pour cela trois graphies, par exemple hlor, eslor et ehlor (fleur);<br />
– « dans disna “déjeûner”, le s se prononce soit [s] soit [z]; on a aussi la variante dinna » (p. 26);<br />
– bl et gl entre voyelles se prononcent bbl et ggl, « dans la plus grande partie du Béarn (moins<br />
fréquemment dans les emprunts au français) » (p. 26) : agradàblé “agréable”, esbisagla<br />
“éblouir”;<br />
– le -d- intervocalique est seul retenu, même quand il se réalise en [z] en Vic-Bilh : « pedoulh<br />
“pou” y serait mieux transcrit par pesoulh » (p. 25), mais cela demeure un vœu pieux, tout<br />
comme pour bédé, crédé etc.; alors que les graphies classiques, bien qu’à forte tendance<br />
englobante, admettent au contraire pesolh et pedolh;<br />
– dans certains mots comme goarda “garder”, « le g de la séquence goa est omis » (p. 26);<br />
– « rl est parfois prononcés -ll- […]; nl est parfois prononcés comme si l’on avait ll (dans la<br />
région d’Orthez, selon Palay) » (p. 27);<br />
– « y, à l’initiale, entre voyelles ou après consonne » peut être lu soit avec sa valeur en français<br />
(dans yeux) soit comme un j français : “moi” se dit you ou jou, selon les lieux. (p. 23);<br />
• mais cela ne joue pas toujours :<br />
– le /e/ posttonique (type càdé “tomber”) étant remplacé par /œ/ dans l’ouest gascon, on l’écrit<br />
-e, d’où, à l’intérieur du Béarn lui-même, une seconde orthographe pour les mêmes mots :<br />
cade, véde, lèbe, courre (p. 32);<br />
– th- initial ou -th- au milieu des mots, prononcé comme ty, n’existe que dans l’ouest (thabèque<br />
“chouette”, empatha “embarrasser”); les mots correspondants sont notés ailleurs selon leur<br />
prononciation en tch ou ch : chabèque, empacha, empatcha (p. 23).