Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 154 Écriture du gascon<br />
« Quand le mot d’appui perd sa consonne finale, on place un accent sur la voyelle<br />
tonique : guardà’s, atrapà’m, volé’s maridar, per cauhà’u.<br />
Séguy semble ignorer totalement ces règles : avec se enclitique réduit à s, il use du trait<br />
d’union au lieu de l’apostrophe : que-s demandava se vengora (1616); il conserve même le -r final<br />
du verbe d’appui à l’infinitif, malgré la troisième règle et ses exemples : plagar-s {se blesser}<br />
(1311), hartar-s {se rassasier} (1314); or on sait que le maintien de ce -r dans la graphie de<br />
Perbosc-Estieu avait été fortement critiqué par Philadelphe de Gerde (cf. p. 133) qui « fait rimer<br />
mudà-s (pour mudar-se) avec Bigordàs ». (Note relative à la graphie, Eds Crids , p. XXIX).<br />
Allières a « préféré la graphie carà-s à carar-s, etc., comme plus facile à interpréter » (V-2,<br />
V), ce qui suppose qu’il n’avait pas eu connaissance directe de L’application…; et il maintient la<br />
liaison par trait d’union, qui ne pose pas de problème d’interprétation.<br />
Par ailleurs, sur la notation du pronom en ou ne appuyé sur que (ou autre mot en -e), Séguy<br />
fait la remarque suivante (VI-C, 17) :<br />
« Cas spécial de “en”. […] Dans les combinaisons ken, men, ten, sen (kœn, mœn,...),<br />
etc., il est objectivement impossible de décider si on a affaire à une élision k en, m en, ou à<br />
une enclise asyllabique ke n, me n. C'est en réalité un faux problème, puisque la question<br />
ne se pose pas pour les sujets parlants. Nous avons choisi la solution arbitraire de l'enclise<br />
asyllabique. Il est moins difficile de distinguer en plein et isolé de e (œ) énonciatif<br />
interrogatif + n enclitique asyllabique, parce que cet énonciatif est localisé (c. 2400).<br />
C’est toujours bon à savoir que pour un aussi éminent connaisseur du gascon, opposer que’n à<br />
qu’en est un « faux problème ».<br />
Solutions diverses<br />
Sans toucher davantage aux bases du système, J. Séguy et ses disciples ont également opté<br />
pour des graphies inhabituelles, sans doute plus intelligibles et fidèles à la phonologie de la langue :<br />
• notation de l’article lo(s) en ses formes contractées et du pronom personnel lo(s) agglutiné<br />
à que ou autre mot grammatical d’appui : évitant l’erreur de lecture de L’application… signalée p.<br />
244, J. Séguy écrit hon do monde, bot do monde (1188), tout en laissant échapper deu poshiu à la<br />
carte 1341, alors qu’on n’y a noté aucune prononciation en [de*]… Pour le pronom, -e ou -u du<br />
mot d’appui et le pronom se réduisent à [u[s/z]] sur la majeure partie du domaine (ALG VI, 2243,<br />
2251, 2252, 2461 à 2463); nous lisons donc chez Ravier et Séguy (R.I) : qu-o(s) pp. 22, 23, 24, 25,<br />
27, 28 etc.; pour les pp. 89 et 90, la transcription phonétique de l’édition 1960 montre que qu-os<br />
rend [kuz] et qu-o, [ku]; n’o pour no lo, p. 35; p. 67, s-o pour se lo rend [su] de la transcription<br />
phonétique. Ravier (R.III) conserve ces mêmes graphies (qu-o, p. 48, 49, 51, 58…) sans qu’on<br />
puisse lui reprocher d’écrire que ses transcriptions sont « en orthographe classique occitane (dite<br />
aussi graphie Alibert) » (p. 31), puisqu’il est un des rares à avoir bien lu Alibert !<br />
• une même lecture attentive de L’application… (p. 4) : pai, mai [père, mère]) fait écrire mai<br />
et non mair pour “utérus” (1385) et “reine des abeilles” (1428); frai pour frair [frère] (1561) et pai<br />
pour pair (2390, R.I, 80).<br />
• de même, les 5 èmes personnes terminées en -[t] sont notées logiquement par -t, à l’encontre<br />
de la routine habituelle (cf. p. 277) : qu’ét {vous avez}, se n’èt {si vous (en) êtes}, ne-v deishet {ne<br />
vous laissez pas} (RI, 23); podet {pouvez} (ib, 121), etc.; cambiat {changez} (R.II, 123); serat<br />
{serez} (ib, 126); aproshat {approchez} (R.III, 185), etc.