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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 181 Écriture du gascon<br />

– si Aubérgne / Auvèrnha est correct, Aubérni / Auvèrnha n’est pas cohérent avec tous les mots<br />

féminins en -i atone, notés en -ia (abarici / avarícia, bésti / bèstia, glisi / glísia, glori / glòria etc.);<br />

– trois noms en -rt chez Arnaudin notés par -rd sans raison étymologique apparente : coutchurt<br />

/ cochurd {recoin}; et deux curt / curd, {cœur} (au jeu de cartes) et {chœur} (de l’église);<br />

certes, le latin ‘cor, cordis’ pourrait justifier le -d du premier curd, mais c’est peu vraisemblable,<br />

car c’est tout simplement une prononciation analogique de mots normalement achevés par -[r];<br />

– un -r muet manque dans trois mots en -a d’Arnaudin : calhiua / calhiva pour cavilhar,<br />

haptcha/ hapcha pour hapchar; pesca / pesca pour pescar;<br />

– estoursedey / estorçadeir, estourseduy / estorçaduir sont notés par -a- alors que le verbe<br />

tòrcer est en -e; c’est s’éloigner de la prononciation, sans justification étymologique; à rapprocher<br />

d’Alibert « torcedor, fuseau pour tordre le fil »;<br />

– métathèse inexpliquée dans emmantehulat / enmanteluhat, “emmitouflé”; Méaule donne<br />

emmantchulat et enmahulat (même sens).<br />

Ces observations montrent à nouveau combien la pratique de la graphie classique est un exercice<br />

difficile, où même les meilleurs achoppent. Et à cela s’ajoutent plusieurs problèmes qui apparaissent<br />

dans l’exposé liminaire de J. Miró, dont certains inhérents au gascon noir; il s’avère que la<br />

graphie classique manque de graphèmes pour noter certaines réalisations, pourtant notées en graphie<br />

moderne par Arnaudin-Boisgontier; ainsi pour les diverses ouvertures du /e/, les réalisations de<br />

j- (ou g + e ou i) après voyelle ([j]… mais pas toujours). Il est vrai que le code graphique de 1952 a<br />

été écrit dans la quasi ignorance du parler noir par l’Audois Alibert, même conseillé par le <strong>Béarnais</strong><br />

J. Bouzet ou le jeune Commingeois P. Bec. Sans doute faudrait-il réaménager ce code…<br />

En attendant, pour savoir comment se parle le gascon noir, nous avons la graphie moderne<br />

d’Arnaudin-Boisgontier. Mais alors, en dehors de “se faire plaisir” entre lettrés, à quoi peut servir<br />

ici la graphie classique ?<br />

36 – La graphie moderne selon B. Moreux et J.-M. Puyau (2002)<br />

Les origines<br />

On a vu p. 82 comment se sont créées à Pau les associations Pays de Béarn et de Gascogne<br />

en 1995, puis <strong>Institut</strong> béarnais et gascon en 2002.<br />

L’une des premières réalisations de Pays de Béarn et de Gascogne fut un Guide de<br />

conversation français-béarnais (Biarritz, 2001); soucieux d’atteindre un public peu préparé à de<br />

complexes règles d’écriture et de lecture, les auteurs de ce guide avaient utilisé une graphie proche<br />

de celle de l’Escole Gastoû Febus, mais complétée par divers accents destinés à faciliter une lecture<br />

non équivoque de la langue.<br />

Quant à l’<strong>Institut</strong> béarnais et gascon, ses promoteurs ont eu pour souci d’en finir avec<br />

l’antagonisme des graphies; aussi ont-ils mis dans ses statuts la reconnaissance à égalité de droits<br />

de la graphie moderne et populaire, héritée de l’Escole Gastoû Febus, et de la graphie classique et<br />

savante, dans sa variante spécifiquement gasconne que veut être ma graphie DiGaM.<br />

C’est donc sous les auspices du jeune <strong>Institut</strong> qu’a été publié à la fin de 2002 un Dictionnaire<br />

français-béarnais qu’une équipe de Pays de Béarn et de Gascogne préparait depuis 1996, dans la<br />

graphie déjà utilisée pour le Guide de conversation. Signé par les deux principaux responsables de<br />

l’équipe, MM. Bernard Moreux, universitaire présenté p. 49, et Jean-Marie Puyau, professeur de

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