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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 15 La langue gasconne<br />

XIII). Tout cela, sans nier que ces langues forment un ensemble que l’approximation littéraire<br />

appelle Langue d’oc et que les linguistes, Alibert en tête, nomment plus rigoureusement l’ensemble<br />

occitano-roman. Au demeurant, la même vision était déjà, trente ans plus tôt, chez Joseph Anglade<br />

(1921, p. 19) :<br />

« Le gascon et le catalan ont évidemment dès le début de la langue la plupart de leurs<br />

traits distinctifs; mais ces traits ne sont pas encore tellement accusés et tellement nombreux<br />

qu’ils soient un obstacle insurmontable — comme ils le sont devenus aujourd’hui — à une<br />

unité linguistique, au moins relative. »<br />

Pierre Bec reprend le concept d’ensemble occitano-roman et s’y tient dans son premier<br />

Manuel (1970-1); il y présente en trois chapitres de même niveau l’occitan, le catalan et le gascon<br />

et l’achève (t. II, 472) par un tableau général de langues romanes, particulièrement explicite sur ce<br />

point :<br />

2) Gallo-roman « occitan » (ou d’oc) ou occitano-roman :<br />

–!occitan<br />

–!gascon<br />

–!catalan<br />

"<br />

#<br />

$<br />

"<br />

#<br />

$<br />

nord-occitan (limousin, auvergnat, provençal alpin) ! gallo-roman d’oïl<br />

occitan moyen!: languedocien, provençal<br />

%<br />

catalan oriental ! langue littéraire ! ibéro-roman<br />

catalan occidental ! aragonais<br />

&<br />

'<br />

Et dans son second Manuel (1973), l’auteur reprend textuellement en français ce qu’il a écrit<br />

en occitan dans le rapport des Annales de l’I.E.O. de 1972 évoqué plus haut (p. 13) :<br />

« Nous retrouverons […] la même adéquation [entre graphie et phonie] (peut-être<br />

plus étroite même) en gascon, dialecte également très conservateur dans l’ensemble<br />

aquitano-pyrénéen. Mais il s’agit là, on le sait, d’un autre diasystème difficilement<br />

réductible aux structures d’ensemble de l’occitan; en fait d’une langue très proche, certes,<br />

mais spécifique (et ce dès les origines), au moins autant que le catalan. »<br />

Il est intéressant de mentionner ici l’attitude pas toujours cohérente du Pr. Robert Lafont sur<br />

ce sujet, lui qui passe aujourd’hui pour le maitre à penser d’un occitanisme peu enclin à reconnaitre<br />

l’autonomie du gascon. D’une part, il ne protesta jamais contre cette affirmation de son collègue et<br />

ami Bec, alors qu’il signait un autre rapport du même numéro des Annales, mais encore il a souvent<br />

cité les deux Manuels de ce dernier. Par exemple, dans les Éléments de phonétique, 1983-2, p. 6 :<br />

« Nous ne pensons certes pas remplacer les ouvrages fondamentaux de P. Bec, le<br />

Manuel pratique de philologie romane, pour deux chapitres (l’occitan, le gascon) du tome<br />

I […] et le Manuel pratique d’occitan moderne…»<br />

Il ne bronche pas en énumérant ces deux chapitres distincts du premier manuel, et ne fait<br />

aucune restriction sur la reprise en français, dans le second, de la phrase clé du rapport de 1972 que<br />

je viens de citer.<br />

Il y revient à la rubrique “Linguistique” de sa revue Amiras (n° 6, oct. 1983, pp. 71-81) et<br />

spécialement pp. 72-73, sur le gascon :<br />

« On sait que ses traits phonético-phonologiques, mais aussi morpho-syntaxiques et<br />

lexicaux, tels qu’ils sont concentrés sur les Pyrénées et dans l’extrême Ouest béarnais ou<br />

landais, ont servi, dans l’analyse linguistique, à fonder quelquefois une langue distincte de<br />

l’occitan central ou septentrional. Mais on remarquera que le plus souvent c’est relativement<br />

à l’indépendance du catalan que la question est posée (chez Carl Appel, G. Rohlfs, P.<br />

Bec). Il s’agit donc bien non des faits intrinsèquement considérés, mais du statut. Une dialectique<br />

est établie sur trois termes : occitan, catalan, gascon. Si le catalan n’est pas de

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