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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 45 Sociolinguistique du gascon<br />

il se tient à l’écart, pourtant, de ce monde […], surtout de ceux qui manipulent continuellement<br />

la langue pour en faire un occitan transgénique, un jargon qu’on ne parle nulle part.<br />

Ce monde, le gascon, c’est sûr, les embarrasse. Tant pis ! » (P.G., 1-2/2005, p. 14).<br />

Pourtant, en présentant une grammaire d’occitan médiéval, M. Grosclaude allait écrire que<br />

pour bien l’utiliser, le lecteur devrait « connaître déjà l’occitan actuel (que ce soit sous sa forme<br />

gasconne, languedocienne, nord-occitane ou provençale) » (P.N.-P.G. 198, 5-6/2000, p. 20). Alors,<br />

le gascon, forme (ou variante, ou dialecte) de l’occitan, ou un occitan à part entière ?<br />

Et voilà que c’est M. Grosclaude qui signe tout seul l’Avant-propos (posthume) du Dictionnaire<br />

français-occitan (gascon) de 2003 (cf. p. 186); or il y reprend successivement les deux textes<br />

de présentation du Civadot en 1984, en changeant simplement Béarn / parler de Béarn par Gascogne<br />

/ gascon (pp. 7 et 10); donc « l’occitan parlé en Gascogne est un occitan à part entière et non<br />

pas une variante plus ou moins marginale » ! Il valide donc à nouveau la pluralité des occitans ou<br />

langues d’oc, en contradiction avec la phrase péremptoire de la p. 10, « Il existe indiscutablement<br />

une langue occitane ou langue d’oc […] ». Et en note de la p. 11, il cite sans s’en émouvoir les vues<br />

de J. Taupiac selon lesquelles il y aurait « un occitan méridional […], un occitan septentrional […],<br />

un occitan occidental comprenant le seul dialecte gascon et un occitan du “croissant” ou de la<br />

Marche. »; cela fait donc quatre occitans ou quatre langues d’oc, le gascon tout seul étant l’une de<br />

ces langues.<br />

Erreur de “copier-coller” ? ou plutôt confusion inévitable d’une pensée tiraillée entre un credo<br />

dépassé qu’on n’a pas le courage de remettre en cause et la réalité d’une langue très particulière que<br />

menacent « les occitanistes intégristes, réducteurs » comme dit G. Narioo (P.N.-P.G. n° 208, 1-<br />

2/2002, p. 10).<br />

On en verra un autre exemple dans la « dictée occitane » organisée par Per Noste le 31<br />

janvier 2004, sur laquelle je reviendrai pp. 79 et 218. Elle était « occitane » dans le titre, mais<br />

réalisée « dans la langue régionale, le <strong>Béarnais</strong> en l’occurrence à Orthez » (L’Éclair des 31<br />

janvier/1 er février); cette confusion avait d’ailleurs provoqué les protestations d’un lecteur d’Orthez,<br />

protestations dont l’article rendait compte honnêtement… mais sans prendre parti ! Au demeurant,<br />

le compte-rendu publié le 2 février affirmait que « l’essentiel était […] dans le plaisir de se<br />

mesurer à la langue béarnaise », membre de phrase repris d’ailleurs en sous-titre…<br />

Le résultat : confusion dans les titres, confusion dans les esprits<br />

Plus généralement, si l’on considère les ouvrages d’enseignement publiés par des auteurs se<br />

réclamant plus ou moins du courant occitaniste et en tout cas adeptes de la graphie occitane, force<br />

est de constater que pour ce qui est de la désignation du gascon, on a droit à un peu de tout; outre le<br />

cas du Civadot et du Dictionnaire français-occitan (gascon) que je viens d’évoquer :<br />

Petit diccionari castelhan-aranés (occitan)-catalan-francés e aranés (occitan)-castelhan etc.,<br />

1991, de Frederic Vergés Bartau : l’auteur ne nomme la langue qu’aranais ou à la rigueur « aranés<br />

(occitan) » et va jusqu’à signaler par le sigle « dV » les mots pris au gascon général, plus riche que<br />

l’aranais, c’est-à-dire « dehòra dera Val » (hors de la vallée) : le gascon non aranais n’est plus que<br />

de l’aranais, parlé hors de la vallée !<br />

Lexique alphabétique Français-gascon (Bazadais), 1994 de G. Dulau et du collectif Bazas<br />

Art Culture Tradition : « gascon » est dans le titre; l’auteur remercie pour son apport une association<br />

ayant travaillé « sur le thème : La langue gasconne et la vie traditionnelle en Bazadais » et ouvre

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