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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 164 Écriture du gascon<br />

nettement pour la graphie at en Béarn et partout où l’on dit [at]; on ne saurait que l’approuver,<br />

aucune règle générale de lecture ne permettant de lire -[t] ce qui est noté -c.<br />

p. 92, pronom ne/en : en citant largement Bouzet, A. Hourcade délimite très clairement les<br />

cas (rares) où la graphie en est “correcte”; c’est-à-dire dans des tournures comme « da-l’en », « tà<br />

l’en balhar » qui ne sont en usage que vers l’ouest (Landes, Orthez, Salies, Bas-Adour…); mais on<br />

a vu, p. 154, que pour Séguy, c’est un « faux problème ».<br />

p. 119, féminin en -a des adjectifs en -e : contrairement à son choix sur volentari épicène,<br />

comme sur les adjectifs en -au (< -alis), également épicènes (p. 118-119), l’auteur entérine ici les<br />

féminins en -a prononcé -[e] en ajoutant « ceci n’est qu’une norme graphique »; ce n’est pas très<br />

cohérent… et c’est désastreux pour la transmission de la langue, comme nous l’avons déjà noté p.<br />

160. Au demeurant, p. 124, l’exemple tiré de Despourrins « Tau medish tendre com l’arrós »<br />

affiche un tendre épicène, puisqu’il s’agit de la femme aimée : Coum lou Sou, claréyante qu’ère, /<br />

Taü médich téndre coum l’arrous dit l’édition Vignancourt de 1886, p. 5, Elle était lumineuse<br />

comme le soleil, aussi tendre que la rosée. Chassez le naturel…<br />

p. 140, sur les verbes en -ir passés à -ar comme exigir/exijar; bien que ce soit ici une question<br />

de langue et non de graphie, je crois utile de citer une réflexion de bon sens de cet auteur, qui va à<br />

contre-courant des tendances archaïsantes de l’occitanisme; certes, il part d’un faux constat, ayant<br />

cru trouver un verbe « autregir » dans le For de Morlaas (cité par Lespy dans sa Grammaire, p.<br />

107) qu’il oppose à « autreyar » d’une lettre de la Princesse de Viane de 1480 du même livre, p.<br />

119; or le For porte « autregi », “j’accorde”, forme du verbe autrejar, qui, comme octroyer, vient<br />

du latin auctorizare citée par Lespy; mais la suite est juste : de Lespy (qui, il est vrai, collectionnait<br />

les formes anciennes) à Palay, les formes en -ar variantes de -ir ont le plus souvent été remplacées<br />

par les seules formes en -ar. Et d’ajouter :<br />

« On pense généralement que cette évolution est due à l’influence du français : en<br />

effet, les verbes français correspondants sont du 1 er groupe (octroyer; exiger; décider;<br />

corriger; etc...). Cela est certainement vrai, mais n’y aurait-il pas aussi le fait que les<br />

verbes ainsi transformés sont plus faciles à conjuguer et, tout simplement, à dire que sous<br />

leur forme première ? »<br />

Au demeurant, les grammairiens de Per Noste privilégient pour les trois groupes les<br />

subjonctifs en -i — ceux de la région d’Orthez — parce que plus faciles à conjuguer que ceux<br />

venus du latin, en -e pour les verbes en -ar, en -a pour ceux en -e et en -ir; n’est-ce pas la même<br />

démarche vers la facilité ? Mais sur la question des subjonctifs, précisément, A. Hourcade est d’un<br />

avis opposé, et parfaitement justifié (p. 158).<br />

p. 150, futur et conditionnel des verbes en -ar : contrairement à son attitude pour le pronom at<br />

noté selon la prononciation, mais en accord avec le -a féminin lu -[e], A. Hourcade ne connait que<br />

les formes écrites en -a- (aimarèi, aimaràs…) : « le “a” […] se dit fréquemment “é” : [qu’aimérèi,<br />

aiméràs…] et même “i” dans certains cas [qu’anirèi, aniràs…]. »; mais il oublie de mentionner ces<br />

prononciations dans le tableau de conjugaison d’aimar (p. 324). Ici encore, c’est la mort programmée<br />

de ces formes, qui sont celles de plus des trois-quarts du domaine gascon (ALG V, 1725),<br />

comme le reconnait l’auteur pour le conditionnel : « dans la plupart des régions » (p. 163).<br />

Il y a donc quelques ombres au tableau dans cette grammaire, mais on peut apprécier<br />

globalement la démarche de l’auteur, en recherche d’une graphie qui respecte l’authenticité de la<br />

langue gasconne et béarnaise.

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