13.07.2013 Views

Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Jean <strong>Lafitte</strong> 292 Écriture du gascon<br />

lequel Roger Teulat explicitait les deux rôles du tréma, soit disjonction, soit conjonction, ou plutôt<br />

disjonction-conjonction :<br />

– disjonction, sur une voyelle qui en suit une autre, en rompant la signification habituelle du<br />

groupe, dont chaque voyelle sera prononcée séparément (diérèse) :<br />

fai {hêtre} [fa"] faïna {fouine} [fa'in%]<br />

auca {oie} ['a*k%] aüca {il hue} [a'yk%]<br />

crei {il croit} [cre"] (creire) crèï {je crée} ['kr!i]<br />

oelha {brebis} ['we&%] poësia {poésie} [pue'zi%]<br />

conduire {conduire} [kun'd3ire] atribuïr {attribuer} [atriby'i]<br />

tuï {je tue} ['tyi]<br />

– disjonction-conjonction, sur le u des groupes qu et gu, pour indiquer qu’il n’est plus seulement<br />

un auxiliaire de la consonne, mais qu’il doit se prononcer avec la voyelle, [ ] devant e et i,<br />

[w] devant a — du moins dans ce que l’auteur appelle l’occitan référentiel :<br />

quatre {quatre} ['katre] eqüator {équateur} [ekwa'tur]<br />

aquí {ici} [a'ki] aqüicòla {aquicole} [ak3i'k%l%]<br />

guidar {guider} [5i'da] lingüista {linguiste} [li"'g3ist%]<br />

pague {qu’il paie} ['pa5e] bilingüe {bilingue} [bi'li"g3e]<br />

fém. bilingüa [bili"'gw%]<br />

Tous ces exemples sont d’occitan “référentiel”, donc languedociens, même si plusieurs sont<br />

valables en gascon; mais selon le Civadot, seul semble-t-il à donner cette indication, p. 28, gü et qü<br />

se prononcent toujours par [gw], [kw]. On manque toutefois de repères pour ces mots savants et Y.<br />

Vidal (2002, pp. 39 et 174) donne [gw] pour bilingüisme et [g3] pour lingüistica…<br />

Une règle additionnelle d’écriture a été formulée depuis 1975, c’est que l’accent prime le tréma<br />

et a, le cas échéant, le même effet disjonctif : país {pays} se dit [pa'is], tandis que païs se lirait<br />

['pais]; de même, Loís {Louis}, tandis que son féminin se note Loïsa; et poèta se lit [pu'!to]. C’est<br />

une règle catalane dans la logique du système.<br />

On observera que [kwa] est noté qüa, alors que les <strong>Gascon</strong>s, qui sont les premiers intéressés,<br />

négligent souvent ce tréma, comme on a pu le voir p. 270.<br />

Et aussi que la règle selon laquelle, dans poèta, la diérèse est marquée par l’accent de è ne<br />

peut fonctionner en gascon où ne manquent pas les oè prononcés [w!]; le Palay en compte quelque<br />

250, tels que : doèla {douve de tonneau}, taxoèra {trou de blaireau}, etc. Et le problème existe aussi<br />

en languedocien, selon ce qu’écrit Ph. Carbonne, Lo Gai Saber, n° 482, 2001, p. 139; plaidant<br />

plutôt pour une graphie qui serre autant qu’on le peut la prononciation, il opte pour le tréma que<br />

d’aucuns voudraient supprimer :<br />

« Ainsi, nous distinguons coeta {petite queue}, avec oe [we] (une seule syllabe pour<br />

les deux lettres) de poësia, avec oë [u+e] (deux syllabes pour deux lettres), comme nous<br />

distinguons caut {chaud} (au [a*]) de ataüt {cercueil} (au [a+y]). Chacun sait que la coeta<br />

de la oelha {brebis} es pas la poësia de Roërgue.<br />

« L’ambigüité demeure pour les mots en oè. Ainsi oèst [wè] et poèta [u+è].<br />

« Il faudrait peut-être les graphies oe / öe // oè / öè ? »<br />

De tout cela et d’une étude fouillée des hiatus et diérèses en gascon (<strong>Lafitte</strong>, 1995-1), j’ai

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!