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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 247 Écriture du gascon<br />

mau-soulide, oufìcialamén, poulitique (f.), troumbone, troupicà etc. ont tous une variante en o<br />

atone. Et la langue observée n’est pas toujours cohérente : on dit econòm", mais gastrounome…<br />

Quoi qu’il en soit, le scripteur qui veut représenter la langue parlée n’a actuellement d’autre<br />

recours que le ò de la graphie alibertine, avec l’équivoque possible sur la place de l’accent tonique;<br />

ainsi Que parlam (cf. p. 174) : còmuns (p. 97), dròguista (p. 110), armònia, qui sera lu normalement<br />

[ar'moni] et au lieu du réel [armo'niœ] (p. 142), etc.<br />

La graphie classique doit donc se doter d’un graphème qui note ces /o/ non toniques; faute de<br />

mieux, je propose la lettre ô, qui est disponible, ce en quoi je rejoins Nicolas Quint (2000, p. 74) :<br />

« L’usage de l’accent circonflexe (absent de la graphie occitane classique) permet<br />

d’arriver ici au résultat désiré. »<br />

e pour noter les /e/ féminins posttoniques de la montagne<br />

La carte ALG VI, 2067 montre la zone de montagne, de Gavarnie au Val d’Aran, qui prononce<br />

[e] le « a posttonique + consonne latine», ce qui touche surtout les pluriels féminins (vacas se<br />

prononce ['bakes] et non ['bakos] comme dans la plaine) et certaines formes verbales. En signalant<br />

cette particularité du féminin pluriel, R. Darrigrand (1969-3, 6) estimait que « cela n’empêche pas<br />

de les graphier “as” : pòrta, pòrtas (pòrtes) », ce qui introduisait une difficulté supplémentaire de<br />

lecture pour les <strong>Gascon</strong>s de ces régions. On a vu que J. Séguy et X. Ravier ont préféré la notation<br />

normale par -e- (p. 155) et que les Aranais en ont fait leur norme (p. 159). C’est évidemment le seul<br />

choix graphique possible dans le cadre de L’application…<br />

e pour noter /e/ ou / œ ! ø/ prétonique du futur et du conditionnel des verbes en -ar<br />

Une vaste portion du domaine gascon dit depuis des siècles canterèy et canteri (classiques<br />

canterèi et cantarí), comme étudié en Annexe XX. Or cela gêne les “normalisteurs” intégristes.<br />

Jean-Pierre Laliman, enseignant d’oc en Gironde, est vraisemblablement le premier qui ait<br />

posé la question de ces futurs par une lettre publiée dans P.N. n° 51 de Nov.-Déc. 1975, p. 2. Il<br />

s’indignait du laisser-aller des écrits de cette revue; sur ce sujet :<br />

« Bianchi écrit : troberàs au lieu de trobaràs, esposeràs au lieu de esposaràs. Je sais<br />

bien qu’il n’y a pas plus d’un <strong>Gascon</strong> sur dix qui prononce “troubaràs” ! Les neuf autres<br />

disent “trouberàs”. Mais il faut écrire trobaràs pour suivre l’étymologie et conserver le<br />

radical -a de la première conjugaison ! »<br />

Manifestement, cet enseignant connaissait bien le gascon, mais n’avait probablement jamais<br />

lu les principes de la graphie classique selon l’I.E.O., le B notamment. M. Grosclaude lui répondait<br />

aussitôt avec sagesse (ib.) :<br />

« …sur le problème des futurs (cantarèi ou canterèi). Bien sûr, Laliman a raison au<br />

point de vue de la logique. Mais est-il bien raisonnable de vouloir aller à l’encontre d’une<br />

habitude vieille de deux ou trois siècles ? La forme cantarèi est la seule qui soit logique.<br />

Mais la forme canterèi est employée, au moins, depuis le XVI e siècle (Cf : Les psaumes<br />

d’Arnaud de Salette). »<br />

Néanmoins, on peut se demander quelle est la « logique » invoquée ici : celle du latin ? du<br />

gascon ? Car l’Annexe XX nous montre bien des cas d’affaiblissement du a prétonique. Mais cela<br />

n’est pas général en un même lieu, et à [ka.ale'rijœ/o] “cavalerie” s’oppose [ma'rijœ/o] “Marie”:<br />

pas plus qu’une graphie uniforme en -aria ne pourrait couvrir les deux prononciations — ce qu’ont<br />

très bien compris G. Narioo et autres dans leur nouveau Dictionnaire (p. 189 ci-dessus)—, une gra-

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