Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 187 Écriture du gascon<br />
anti-hiatus ». J’y reviendrai p. 268.<br />
Par contre, coerent sans tréma, de la « Norme officielle IEO » également mentionnée, remplace<br />
coërent qui était en vigueur depuis 1976 (cf. p. 158), en raison d’une étrange “preconizacion”<br />
du C.L.O. acceptée par M. Grosclaude; il sera donc lu [kwe'ren] en deux syllabes, comme coeta<br />
['kwetœ/o], et non [kue'ren] en trois syllabes…; ou alors, il faudra allonger la liste des exceptions…<br />
Le paragraphe suivant, consacré à z, entérine à contre-cœur la décision du C.L.O. qui oppose<br />
realizar à analisar, avec une remarque des plus judicieuses (p. 30) :<br />
« Nous avons accepté sur ce point, la discipline commune regrettant toutefois ces vaet-vient<br />
: de telles palinodies ne pouvant en effet que nuire à la crédibilité de l’orthographe<br />
occitane et rendre plus malaisé son enseignement. »<br />
Mais comme les grognards de l’Empire, les occitanistes gascons “grognent” mais marchent<br />
toujours au clairon occitan…<br />
Sont ensuite décrites les conditions d’emploi du tréma, avec le maintien de son rejet dans<br />
qua prononcé [kwa] (cf. mon commentaire à propos du Civadot, p. 161).<br />
Est enfin maintenu le choix du Civadot d’écrire haria au lieu de haría prévu par la norme<br />
I.E.O. de 1952; voir sur ce point p. 161 et surtout Chapitre V, p. 315.<br />
Deux paragraphes traitent respectivement du -e de soutien des mots en -ct(e) (projèct ou<br />
projècte ?) et des mots en -òn, -b, -d, -g etc., mais il s’agit de choix linguistiques et non graphiques.<br />
En revanche, comme signalé plus haut, est un choix graphique, traité à tort comme<br />
“linguistique”, celui de maintenir la graphie unique en -a des féminins d’adjectifs en -e (la prauba<br />
hemna, et non la praube hemna). Mais c’était déjà dans le Civadot (cf. p. 160), et que je l’ai<br />
critiquée à cette occasion.<br />
Un alphabet qui innove<br />
La séquence des numéros de titres et de paragraphes arrête l’Avant-propos de M. Grosclaude<br />
à la p. 34. Vient alors l’Utilisation du dictionnaire, texte anonyme en deux titres (I - Remarques<br />
d’utilisation et II - Typographie) eux-mêmes découpés en paragraphes. Or très étrangement, le premier<br />
du titre Typographie n’est pas moins que l’« Alphabet occitan », étant aussitôt précisé qu’« Il<br />
n’y a pas à proprement parler d’alphabet occitan car l’occitan utilise pleinement l’alphabet latin. »<br />
(p. 42). Or je vois là deux innovations :<br />
La première, idéologique, c’est que le gascon s’écrit avec l’alphabet occitan, tout simplement;<br />
c’était presque dit dans les Fiches de grammaire… de 1995, mais de façon plus embarrassée (cf. p.<br />
170). Or L’application… de 1952, qui reste le seul document officiel I.E.O. en la matière, présentait<br />
ainsi l’alphabet gascon : « Le gascon aura un alphabet de 23 lettres »; et suivait l’alphabet<br />
français amputé de K, X et Y (cf. p. 145). Donc pour l’I.E.O. de 1952, et pour Alibert le rédacteur,<br />
il n’était pas question d’alphabet occitan étendu au gascon — bien que ce fût le cas —, mais bel et<br />
bien d’un alphabet proprement gascon. Et le futur « aura » visait l’avenir, car le passé de la langue<br />
montre un très large usage de l’Y, et, occasionnellement, celui de K (mots venus du grec comme<br />
kathedrau, /k/ divers) et du W (noms germaniques comme Wilhem).<br />
La seconde est pratique : sitôt écrit, le qualificatif « occitan » est balayé par une remarque de<br />
bons sens : c’est en réalité l’alphabet latin; encore que « latin » soit une façon de parler, puisque la