Histoire de l'internationalisme

ANTIMILITARISME DES SECTES
n'est qu'an cours de l'époque contemporaine qu'on voit se développer
le contraste des conceptions française et anglo-saxonne qui nous paraît
si courant. Même chez Bentham, on retrouve encore, vers la fin du
XVIII'' siècle, la doctrine des sanctions par la force, bien qu'elle soit,
il est vrai, plus adoucie que chez ses prédécesseurs.'
Penn est donc de son époque en admettant l'application de sanctions
dans la communauté internationale ;
une attitude différente serait faite
pour nous surprendre. Au demeurant, il nous semble très douteux que
Penn eût étudié de près le ,. Grand Dessein de Henri IV ", dû au cerveau
fécond de Sully. Il y fait une allusion, mais tout à fait passagère, à la
fin de son ,, Essay ".* Il parle du ,, C4rand Dessein " dans le style de
tous ses contemporains, qui croyaient à l'authenticité de la fiction du
,, Grand Dessein de Henri IV," exposé dans les Mémoires de Sully, et s'il
le cite, c'est plutôt, comme le fera plus tard p. ex. l'abbé de Saint-Pierre,
pour se défendre contre toute critique d'utopismc : ,, I will not then
fear, dit-il, to be censured for proposing an expédient for tiie présent
and futiu^e peace of Europe whcn it was not only the design but glory
of one of the greatest princes that ever reigned in it..." (p. 21). 11 faut
plutôt croire que Penn a conçu son projet en .se fondant sur ini raisonnement
indépendant d'ordre politique. Ce projet est dû, d'une part, conmie
il le dit lui-même, à la contemplation des ravages de la guerre en Europe,
d'autre part, à l'application aux affaires générales du continent des
principes de la fédération des Provinces-Unies (des Pays-Bas). Il cite
à ce sujet l'ouvrage de Sir William Temple,* même avant de parler du
,, Grand Dessein " ; et il y insiste avec force. Tous ses développements
prouvent qu'il considère ,, compulsion '
sable de toute société policée.
comme
un élément indispen-
Il y voit le moyen propre à maintenir la paix. C'est toujours l'élève
de Hobbes qui parle. Il développe notamment cette idée, mais très
' Cp. ce que dit Teuasaki au sujet do Bentham, op. fit. p. 8t)— 87.
" But I confess I liavo tliK passion to wish lieartily tlint tho hoiiour of proposing
atui offccting se grcat and good a design might be owing to England, of ail the
eoiintries in Europe, as something of tlio nature of our expédient was, in design
and préparation, to the wisdom, justice, and valoiu- of Henry tlie Fourth of France...
etc. (p. 21).
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' Observations upon tlie United Provinces (1672).