Histoire de l'internationalisme

DROIT INTERNATIONAL ET „ DROIT DE LA NATURE "
et éternels du Droit. C'est pourquoi notre auteur prêche la plus grande
circonspection aux législateurs et aux juges, appelés à appliquer la loi.*
L'étude du Droit de la Nature est donc d'après Rachel éminemment
utUe afin de conserver intact le sens de la justice et des principes du Droit.
Ceci est surtout vrai pour l'étude des relations juridiques entre sociétés,
„ notamment entre Etats et Républiques, et entre les peuples libres
ou Princes. Car chaque Etat étant autonome, l'un d'eux n'étant pas
soumis aux lois et aux tribimaux d'un autre, et les Etats ne reconnaissant
pas de tribunal humain supérieur, excepté dans les cas où ils en ont établi
un par convention (tel, sauf erreur, l'Aréopage dans la Grèce antique),
il est indispensable que des différends entre ces républiques soient réglés
par le Droit de la Nature et devant le tribunal commun de l'humanité
tout entière. S'ils peuvent avoir recours au Droit des gens, soit général,
soit particuUer, et qu'ils puissent régler leiu-s htiges en invoquant ce
Droit, l'autorité en est sans doute grande ;
mais abstraction faite de ce
Droit des gens et d'un tribunal commun conventionnel possédant l'auto-
rité voulue, supposé qu'il existe, les causes et les actions des dits (Etats)
doivent être examinés et réglés d'après le Droit de la Nature, parce qu'ils
sont tous et chacun soumis à ses obUgations et doivent respecter et
observer son autorité, non moins que l'autorité de la Divine Providence
qui l'a constitué ".' Nous voyons déjà ici que Rachel a une conception
très nette de la communauté des Etats :
elle est composée d'Etats indé-
pendants, ,, souverains ", qui ne peuvent être liés que par des engage-
• Ainsi I, LXIII, p. 59—60.
' Sed et eo proficit Juris Natiiralis disciplina, ut intelligamus ejus praecipue
vinciilo omnes Societates, et speciatim Civitatos, Rospublicas, liberasquo gontos
aut Principes constringi ac conser\-ari. Cum enim quaeque Rcspublica àoTÔ\onoî
(autonomes) et altéra altorius sive legibus sive judiciis obnoxia non sit, nequo
commune judicium ab hominibus institutimi agnoscaiit, ni.si forte ex conventiono
taie inter ipsas et ab ipsis fuerit con.-ititutum, quale, ni fallor, olim intor Graeciao
populos Areopagus, Jure Naturao et Judicio omniiini hominum cominuni hariun
controversiae nocessum est definiantur. Saiie si Jure gentium vel conimuni vol
spociali utantur, atque hinc illae lites decidi possint, et hujus mngna est autoritas.
Absque hoc Jure gentium, aut commimi judicio conventionali, del)ita autoritato
praedito, si sit, secundum Jus Naturae illarum causae et actiones oxaminari
atque expediri oportet, quod illius obligationi omnes et singulae sint obnoxiao,
et tam hujus quam Providentiae divinae autoritatem, quao illud condidit, venerari
et pio amplecti debeant. — Diss. I. CXXXV, (Ed. von Bar, I, p. 140).
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