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Histoire de l'internationalisme

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ROUSSEAU<br />

sidérations d'ordre pratique et utilitaire amèneraient les princes à<br />

renoncer à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>sseins ambitieux, car, en réalisant ceux-ci, ils ne<br />

feraient que porter atteinte à leur propre puissance, notamment dans<br />

le secteur économique. Rousseau lui opposait les arguments suivants :<br />

premièrement chez les princes le désir d'accroître leur puissance com-<br />

portait beaucoup <strong>de</strong> facteurs irrationnels. En outre — et c'était peut<br />

-être là le plus important — on pouvait toujours découvrir une cause<br />

fondamentale qui, en .soi, était peut-être rationnelle. Les princes avaient<br />

toujours besoin <strong>de</strong> prestige.<br />

En même temps qu'il composait son ,, Extrait ", Rou.sseau écrivit<br />

également un commentaire qui ne fut cependant publié qu'après la<br />

mort <strong>de</strong> l'auteur. Dans ce commentaire — ,, Jugement sur le projet<br />

<strong>de</strong> Saint-Pierre " — on lit : ,, Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il y a dans le mon<strong>de</strong> un<br />

seul souverain qui, borné ainsi pour jamais dans ses projets les plus<br />

chéris, supportât sans indignation la sevile idée <strong>de</strong> se voir forcé d'être<br />

juste, non seulement avec les étrangers, mais même avec ses propres<br />

sujets ".^*<br />

Rousseau croit que la pacification ne se fera que par les armes d'un<br />

monarque puissant et il conclut — : ,,<br />

Admirons un si beau plan, mais<br />

consolons-nous <strong>de</strong> ne pas le voir exécuter, car cela ne peut se faire que<br />

par <strong>de</strong>s moj-ens violents et redoutables à l'humanité ".<br />

Rousseau poursuit son raisonnement et affirme que même si les<br />

princes étaient disposés à accepter le projet d'union élaboré par Saint<br />

-Pierre, cela ne représentait pas un avantage pour les peuples <strong>de</strong> l'Europe<br />

et encore moins pour les petites nations. Sans doute Saint-Pierre pré-<br />

voj'^ait-il une égalité théorique ou formelle entre les différents Etats ;<br />

mais l'expérience montrait que dans <strong>de</strong>s traités tels que ceux dont il<br />

était question, c'étaient les grands Etats qui en recueillaient réellement<br />

les avantages. Comme il le déclare lui-même avec beaucoup <strong>de</strong> préci-<br />

sion : ce sont <strong>de</strong> tels traités qui Hent ,, le faible au fort et ne lient<br />

jamais le fort au faible ".^'<br />

Rousseau était également loin d'approuver une autre disposition<br />

" Œuvres, éd. Dupont, 1823, Vol. V, pp. 445—449. Cfr. Ter Mectlen, I<br />

pp. 253—258.<br />

" Georges Lassudrie-Duchène, Jean-Jacques Rousseau et le Droit <strong>de</strong>s<br />

Gens. Paris 1906, p. 128.<br />

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