Histoire de l'internationalisme

LA NOUVELLE SCIENCE DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE
Après sa chute en 1784, Necker compose un ouvrage :
De
l'admini-
stration des finances de la France qui paraît en trois volumes en 1784.
On y trouve également exposé son point de vue sur la guerre.^
Il s'attaque tout d'abord à la théorie de l'équiUbre des puissances.
EUe est due selon lui à un raisonnement purement simpUste qui mesure
uniquement la puissance d'un Etat à son ,, influence et prestige ex-
térieurs ". Ce raisonnement conduit fatalement à un cercle vicieux.
Lorsqu'un Etat est affaibli par la guerre, il est ,, d'autant plus près
d'être de nouveau jaloux, puis que ce sentiment n'est fondé que sur
une comparaison ; et que, dans le cours des années, c'est tantôt une
puissance et tantôt une autre qui fixe les regards de la pohtique ;
ainsi
la durée des siècles se trouve employée à essayer de rabaisser sans cesse
les autres nations, au niveau de l'état oîi l'on s'est réduit soi-même
par ses propres fautes ".^
C'est le même raisonnement simpUste qui conduit à prétendi'c que
l'on peut s'assurer des avantages commerciaux à l'aide d'une guerre.
Si on se livre à une analj'se objective et détaillée des ressources d'un
pays et de ses possibiUtés dans les relations commerciales avec un autre
pays, on en sera généralement amené à conclure que cette assertion
est dénuée de fondement : ,, Rien de plus simple que le mot de commerce,
quand on n'en saisit que l'acception vulgaire ; rien de plus compliqué,
quand on en fait l'appUcation à l'universalité des échanges, à l'im-
portance des uns, à l'inutilité des autres, au désavantage de plusieurs ;
enfin, aux vues politiques, au travail, aux impôts, et à toutes les com-
binaisons inattendues que la guerre et les grands événemens occa-
sionnent ; il faut donc une lente et profonde réflexion avant que de se
déterminer à mettre le monde en feu pour un intérêt de commerce ;
et il ne faut jamais perdre de vue, qu'au milieu de la paix une dimi-
nution sur certains droits, un encouragement donné à certaines ex-
portations, une faveur obtenue chez quelques nations étrangères, et
tant d'autres avantages dus à une administration sage, valent mieux
souvent que l'objet auquel on veut atteindre par des flottes et par des
armées ".^
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' „ Do la Guerre ", chapitres XXXIV et XXX\', (vol. III).
« 1. c, III, pp. 138—319.
» Ibid., p. 321.