Histoire de l'internationalisme

ANGE GOUDAR
d'ambitions politiques qui pensent qu'une guerre les rendrait indis-
{lensables et changerait leur „ qualité de Ministre en celle de Roi ".
Les conditions politiques et économiques ne sont donc pas favo-
rables à une réalisation immédiate d'un règlement pacifique durable.
Le maintien du statu quo serait contraire à ce principe et, d'autre
part, rendre leurs anciennes prérogatives aux Etats conduirait tout
droit au chaos. Aussi Goudar estime-t-il que la seule solution possible,
c'est la conclusion d'une trêve de vingt ans entre les puissances euro-
péennes. Un tel accord devrait être garanti à l'aide de sanctions collec-
tives. Selon l'auteur, un délai de vingt ans devait pouvoir amener une
détente dans les rapports entre les puissances.*
Un exemple illustre bien l'intérêt accru suscité par les ouvrages
pacifistes surtout après la guerre de Sept ans : en 1766, ini donateur
anonyme mit à la disposition de l'Académie Française une somme
* Dan.s un ouvrage ultérieur L'E.spion Chinois (Cologne 1764) Goudar énu-
mère les conditions sui%-antes nécessaires à l'établissement d'iuie paix tlurable
(Tome cinquième nouvelle édition pp. 60—61) :
„ I. Ne point signer de traité de paix, que les affaires irAllemagne ne soient
terminées.
II. Fixer la marine de l'Angleterre & l'état militaire de la France.
III. Annuler le traité de Cromwell, & rendre libre le commerce du Portugal.
IV. Convenir que la première des deux puissances qui roniproit la paix, & mù
rommettroit la première des hostilités tant par mer que par terre, outre les fraix
(le la guerre paieroit à l'autre luie somme de cent millions toiunois.
V. Faire garantir ces articles par toutes les puissances de l'Europe."'
Il doit y avoir de grandes possibilités de réaliser ime telle pacification. Parmi
L'Etat ponti-
les nations travaillant pour la cau.se de la paix, l'aviteur mentionne :
fical, Venise, Gênes, l'Espagne, le Portugal, les Pays-Bas, la Saxe, quelques petits
Etats en Allemagne et enfin le Danemark et la Suètle. La ,,Moscovie " de son côté
était entièrement prise par ses affaires domestiques. Et d'ailleurs : ,, Quoi qu'on
dise, elle n'a point île puissance réelle ;
parce qu'on ne saïu-oit trouver des soldats
là oîi il n'y a que des esclaves." (p. 64) Dans le même ouvrage, l'auteur nous fait
part de son granil scepticisme quant à son projet antérieur d'un accord stipulant
im armistice de 20 ans. Les accords ne sont pas respectés. Comment alors mettre
fin à la guerre ? „ L'effroi, le carnage, l'horreiu- & l'épouvante régneront tou-
jours dans cette partie de l'univers, jiusques à ce qu'un Prince plus heureux et plus
entreprenant que les autres, ait fait de vastes conquêtes, & rompu cet équilibre
qui fait le malheur des peuples. Quelle fiuieste extrémité, que d'être forcé à sou-
haiter le despotisme universel, pour arriver à la trancjuillité générale ! (!"est le
sistème de la servitude qui préfère l'esclavage à la mort " (pp. 77— 78).
18 — Publ. dp riu3l. Nol.tl norvégien. 273