Histoire de l'internationalisme

LE CONGRES DE VIENNE
retour sur eux-mêmes qu'effectuèrent de nombreux écrivains, lorsqu'il
fut question d'évaluer les possibilités de réalisation des idées de paix.
Comme nous l'avons déjà mentionné, Krause avait mis ses espoirs en
Napoléon. Maintenant c'était dans les ennemis ^^ctorieux de Napoléon
qu'il plaçait les mêmes espérances. L'empire allemand devait prendre
l'initiative et former une confédération d'Etats composée de trois parties
principales : un secteur oriental sous l'empereur d'Autriche, un secteur
septentrional sous le roi de Prusse et un secteur méridional sous les diffé-
rents princes et monarques. Cet exemple ne manquerait pas d'influencer
les autres Etats européens et peut-être même des Etats hors d'Europe.'
On se rend compte à quel point Krause récuse son ancienne attitude
pro-napoléonienne, lorsqu'on voit que dans son nouveau projet d'une
confédération d'Etats européenne, il attache en fait plus d'importance
à la garantie de la liberté et de la justice qu'à celle de la paix ; il en est
en effet arrivé maintenant à estimer que ces deux biens sont une condi-
tion nécessaire à l'obtention de tous les autres, et notamment aussi
de la paix.
L'ouvrage que le fondateur du sociaHsme moderne, S.\int-Simon
(1760— 1825), publia en 1814 présente beaucoup plus d'intérêt. Il était
intitulé : „ De la réorganisation de la Société européenne ou de la néces-
sité et des moyens de rassembler les peuples de l'Europe en un seul
corps politique en conservant à chacun son indépendance nationale,
par M. le comte de Saint-Simon, et par A. Thierry, son élève ".'
L'opuscule parut au milieu des travaux laborieux pour un nouveau
règlement européen : ,, Cet ouvrage, dit l'Avertissement, a été hâté par
les circonstances ; il ne devait paraître (jue plus tard et avec de plus
grands développements ".
Il est surtout intéressant de constater la manière dont Saint-Simon
envi.sage l'histoire :
,, Les progi-ès de l'esprit humain, les révolutions qui s'opèrent dans
la marche de nos connaissances, impriment à chaque siècle son carac-
tère ..."
,, Avant la fin du XV^ siècle toutes les Nations de l'Europe formaient
un seul corps politique, paisible au-dedans de lui-même, armé contre
les ennemis de sa constitution et de sou indépendance. Lutlier désor-
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' Voir Ï.T Meulcu II. pp. 134^142.