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Histoire de l'internationalisme

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LEIBNIZ<br />

et Boineburg était d'avis <strong>de</strong> s'adresser directement à Louis XIV. L'ébauche<br />

du projet fut envoyée au roi <strong>de</strong> France et, en mars 1672, Leibniz partit<br />

pour Paris. Il ne réussit cependant pas à être reçu en audience chez le<br />

Roi-Soleil, mais les conseillers du roi ne rejetèrent pas catégoriquement<br />

le projet présenté. Ils avaient un intérêt évi<strong>de</strong>nt à l'avoir en réserve<br />

tant que les relations entre la France et la Turquie resteraient tendues.<br />

Leibniz exposa ses idées sur cette question dans plusieurs écrits<br />

dont le plus important est le Consilium Aegyptianum. Son argumentation<br />

était à la fois d'ordre historique et politique. Dans le domaine<br />

<strong>de</strong> l'histoire, il citait l'exemple <strong>de</strong> Saint-Louis. Considérant ensuite<br />

la situation politique à son époque, Leibniz affirmait qu'en conquérant<br />

l'Egypte, la France pouvait nuire aux Pays-Bas d'une façon beaucoup<br />

plus efficace que par une attaque directe. La puissance <strong>de</strong>s Paj's-Bas<br />

reposait en effet en premier lieu sur les colonies néerlandaises dans<br />

les In<strong>de</strong>s orientales. Si les Français s'emparaient <strong>de</strong> l'Egypte, ils pou-<br />

vaient procé<strong>de</strong>r au percement d'un canal à travers l'isthme <strong>de</strong> Suez<br />

et ainsi contrôler une nouvelle route maritime <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s beaucoup<br />

plus courte. Une attaque dirigée directement contre les Pays-Bas ne<br />

ferait par contre qu'éveiller la haine et la méfiance en Europe sans<br />

compter qu'une guerre entre chrétiens constituerait un péché impar-<br />

donnable. Seule était juste une guerre sainte menée pour le bien <strong>de</strong><br />

l'humanité et pour la propagation <strong>de</strong> la foi chrétienne.^ Le roi <strong>de</strong> France<br />

ne se laissa cependant pas convaincre par ces arguments. Les Pays<br />

-Bas repré.sentaient un but plus accessible, et l'idée d'une croisa<strong>de</strong><br />

n'avait plus d'actuaUté politique, témoin la réponse faite en 1672 par le<br />

ministre <strong>de</strong> France, M. Pomponne, à l'électeur <strong>de</strong> Mayence qui avait fait<br />

allusion aux projets <strong>de</strong> Leibniz : ,, Comme vous le savez, les guerres<br />

saintes ne sont plus <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis Saint-Louis ". Cependant Leibniz<br />

reprit son projet à la fin <strong>de</strong>s années 1680 et même si tard qu'en 1704.<br />

Le séjour <strong>de</strong> Leibniz à Paris ne donna aucun résultat diplomatique,<br />

mais n'en fut pas moins une pério<strong>de</strong> d'enrichissement jjersonnel pour<br />

le philosophe allemand qui noua <strong>de</strong>s liens d'amitié précieux, notamment<br />

avec Malebranche. En 1677, Leibniz <strong>de</strong>vint bibliothécaire et conseiller<br />

<strong>de</strong> l'électeur <strong>de</strong> Hanovre, fonctions qu'il exerça jusqu'à sa mort en<br />

1716. Durant ces années, il se dépensa sans trêve et sans repos dans<br />

" Pflei<strong>de</strong>rer, 1. c. p. 99.<br />

10 — Publ. <strong>de</strong> rinst. Nobel norvégien, 145

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