Histoire de l'internationalisme

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La nouvelle science de l'ècono:mie politique en Europe. Il estime qu'elle est archifausse la théorie selon laquelle un Etat doit viser à rendre les autres Etats absolument aussi pauvres que possible. Les pays du sud, producteiu-s de vin, ont un intérêt évident à voir les pays du nord assez prospères pour pouvoir acheter leurs pro- duits (pp. 92^94). Le commerce maritime doit également être hbre. L'acte de na^^gation est nuisible à tous et également à l'Angleterre, n limite le commerce, rend les marchandises plus chères, enlève la main d'œu^Te à l'agriculture, favorise le déboisement (par une construction accélérée de bateaux) et rend le danger de guerre permanent (p. 132). Examinant tous les problèmes relatifs au danger de guerre, Schlettwein se déclare adversaire de la guerre préventive. Dans un opuscule en date de 1767, il écrit : ,, So lange es kein anderes Volk beleidigt oder zu beleidigen im Begriff steht, kann es von keinem wegen Ver- groesserung seiner Macht angegriffen werden, imd daher giebt der blosse Anwachs der Macht eines Volkes keinem andern gerechte Ursache zum Kriege ".^ C: JEREMY BENTHAM ET SON PROJET DE PAIX Dans l'histoire des idées, Jeremy Bentham (1748— 1832) est surtout connu pour avoir énoncé d'une façon précise et absolue le principe d'utilité et pour en avoir fait le fondement de l'éthique humaine. Il s'agit en d'autres termes de la doctrine selon laquelle tout acte et toute insti- tution doivent être jugés d'après leur utilité, c'est-à-dire leur capacité de favoriser le bonheur et d'empêcher le malheur.^ Nous avons précédemment retracé les grandes lignes de l'évolution de cette idée au cours du X\TI
JEREMY BENTHAM italien Beccaria qui le premier lança la formule : ,, Le maximum de bonheur pour le plus grand nombre " qui allait devenir la devise de ,, l'utilitarisme ". Ce qui fait avant tout l'importance de Bentham, c'est qu'il bâtit sur ce principe d'utilité un système qui exerça une grande influence sur la pensée politique et juridique en Angleterre et dans d'autres pays. Bentham est au plus haut degré un penseur qui développe quelques-unes des idées principales du siècle des lumières et les fait aboutir au radicalisme du XIX^ siècle. Sa largeur d'esprit, ses connaissances étendues et sa vive curiosité intellectuelle le portent tout naturellement à étudier les relations entre les nations. Dans ce domaine, il ne devait cependant pas exercer d'influence de son temps, en premier lieu pour la simple raison que ses principales idées constructives ne furent connues qu'après sa mort.^ Dans des écrits parus entre 1780 et 1790, il expose toutefois certaines de ses idées sur le droit international. C'est ainsi que dans l'ouvTage ,, Principles of Morals and Législation " (1789) il lance le terme ,, Inter- national Law " au Keu de l'habituel ,, Droit des Gens ". Cette dénomination a pour but de souhgner avec plus de force que l'égaUté devant la loi est un principe appHqué à tout ce qui dépend de la juridiction du droit international. Aux objections élevées contre la vahdité de ce droit (dans les traités, etc.) Bentham oppose l'exemple de l'empire allemand. Il condamne la doctrine de la raison d'Etat : ,, It is a trite and idle observation that the engagements of sovereigns are kept no longer than suits their convenience. This is in no other sensé true than in that in which it is also true of the engagements of private men. If it means that the engagements of sovereigns hâve never any effect, and that, after an engagement of that sort entered into, things are in precisely the same situation as if no such event had taken place, it is notoriousl}' false : if it means anything else than this, it is nuga- tory. No man asks without a motive ; but to the sum of motives which may tend to withhold a sovereign from pursuing a certain Une of con- duct, does a solemn engagement not to pursue it make no addition ? Let expérience décide ".* « Voir Bentham's Works, Bowring's éd., 1838—1843 II. ' Georg Schwarzenberoer, ,, Bentham's Contribution to International Law " dans ,,Jererny Bentliam and tlie Law, a Symposiimi ", London 1948, p. 155. 339
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