Histoire de l'internationalisme

L'ÉPOQUE DES RÉVOLUTIONS
a semé.^ Bien que Lessing n'ait pas particulièrement étudié les affaires
politiques actuelles à son époque, il a, cependant, dans ses considérations
éthiques, indiqué quels étaient les problèmes essentiels également dans
la vie des Etats, problèmes qui, plus tard, allaient se poser avec une
acuité toujours accrue.*
§ 3. CHRISTOPH MARTIN WIELAND, 1733—1813
Wieland est peut-être le représentant le plus caractéristique de
1',, Aufklarung " allemand. Issu d'un miHeu piétiste, il commença à
composer des poèmes à la manière de Klopstock. Mais, revenu dans sa
ville natale, Biberach, en 1769, il fréquenta des cercles qui impri-
mèrent bientôt une autre direction à ses pensées et transformèrent sa
conception de la vie. Il se fit l'avocat passionné de la philosophie des
lumières telle qu'elle s'était développée en France et adopta les doctrines
sensualistes. Dans le domaine politique, il devint le disciple de Montes-
quieu et se rallia à sa théorie de la séparation des pouvoirs, mais ne se
sentait nullement attiré par la démocratie absolue de Rousseau (même
si la lecture du ,, Contrat Social " et de 1',, Emile " n'a pas manqué
d'enrichir sa pensée et de l'inspirer). Socialement il s'identifiait avec la
haute bourgeoisie, et il fut toute sa vie un partisan du ,, juste miUeu ".
Au point de vue national, Wieland ne se faisait aucune illusion sur
les possibilités de créer une Allemagne unifiée. Cela ne l'empêchait pas
de travailler en même temps de façon sui\*ie à la propagation de la
littérature allemande et de préconiser avec force des réformes politiques
dans les différents Etats de l'Allemagne. Il estimait que la mission de
l'Etat, c'était de favoriser le bonheur de l'individu ; d'autre part ce-
pendant, l'individu ne .se réalisait pleinement que grâce à une communauté
étatique. Ainsi Wieland arrivait à créer une synthèse de ce
qui souvent s'était présenté comme deux pôles opposés :
et l'idée d'humanité.^
l'idée d'Etat
* „ Gesprâche iibor dio Soldaton und Mônche ", Lossingor Worko, Berlin-
Leipzig 1925. Vol. 24, p. 159.
• V. Treitschko, 1. c, p. 69.
' WaXiTER Sieoers, Men.schhcit, Staat und Nation bei Wioland. Miinchon
1929, p. 59.
396