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Histoire de l'internationalisme

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MONTESQUIEU<br />

qui en est la conséquence ; il en doit donc suivre l'esprit. Lorsqu'un<br />

peuple est conquis, le droit que le Conquérant a sur lui suit quatre<br />

sortes <strong>de</strong> loix ; la Loi <strong>de</strong> la nature qui fait que tout tend à la conser-<br />

vation <strong>de</strong>s esiîèces ; la Loi <strong>de</strong> la lumière naturelle, qui veut que nous<br />

fassions à autrui ce que nous voudrions qu'on nous fît ;<br />

la Loi qui forme<br />

les Sociétés politiques, qui sont telles que la Nature n'en a point borné<br />

enfin la Loi tirée <strong>de</strong> la chose même. La Conquête est ime<br />

la durée ;<br />

acquisition ;<br />

l'esprit d'acquisition porte avec lui l'esprit <strong>de</strong> conservation<br />

et d'usage, et non jjas celui <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction ".'•<br />

De même que les autres spécialistes du droit international,<br />

Montesquieu ne donne pas <strong>de</strong> réponse à la question <strong>de</strong> savoir si le<br />

résultat d'une guerre est juste en soi. Il ne vise qu'à créer certaines<br />

garanties juridiques en ce qui concerne les opérations <strong>de</strong> guerre elles<br />

-mêmes. A ce propos, Montesquieu se réfère au développement du droit<br />

<strong>de</strong>s gens en Europe et reconnaît que ce droit est ancré dans la tradition<br />

chrétienne. C'est elle qui a créé ., dans le gouvernement un certain<br />

droit poUtique et dans la guerre un certain droit <strong>de</strong>s gens ".^ Cette<br />

tradition dans le domaine du droit pourrait peut-être aussi atténuer<br />

les conséquences néfastes <strong>de</strong> l'efficacité accrue <strong>de</strong>s engins <strong>de</strong> guerre.<br />

Dans les Leltres Persanes, l'auteur laisse ses personnages discuter<br />

ce problème capital. L'un d'eux — Rhédi — se montre très pessimiste<br />

à ce sujet. Il écrit à son ami Usbek : ,, Tu sais que, <strong>de</strong>puis<br />

l'invention <strong>de</strong> la poudre, il n'y a plus <strong>de</strong> place imprenable : c'est-à-<br />

dire, Usbek, qu'il n'y a pas d'asile sur la terre contre l'injustice et la<br />

violence... "<br />

— ,, Je tremble toujours qu'on ne parvienne, à la fin, à découvrir<br />

quelque secret qui fournisse une voie plus abrégée pour faire périr les<br />

hommes, détruire les peuples et les nations entières. " Usbek essaie<br />

<strong>de</strong> le tranquilliser et lui écrit : ,, Tu crains, dis-tu, que l'on n'invente<br />

quelque manière <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction plus cruelle que ceUe qui est en usage.<br />

Non :<br />

si une fatale invention venoit à se découvrir, eUe seroit bientôt<br />

prohibée par le droit <strong>de</strong>s gens ; et le consentement unanime <strong>de</strong>s nations<br />

enseveliroit cette découverte. Il n'est point <strong>de</strong> l'intérêt <strong>de</strong>s princes<br />

* De l'Esprit <strong>de</strong>s Loix. Livre Dixiènae, Chap. III.<br />

' Emile Faguet, La politique comparée do Montesquieu, Rousseau et<br />

Voltaire. Paris 1902, p. 175.<br />

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