Histoire de l'internationalisme

DOCTRINE DE L'EQUILIBRE
la pensée politique. Elle est, plus encore, considérée comme une garantie
siire de la paix eiu-opéenne. Ce n'est que par une conséquence naturelle de
ce fait que la théorie reçoit, dans la pacification européenne qui a suivi
la guerre de la Succession d'Espagne, une consécration officielle et
juridique. Nous lisons dans un des traités signés à Utrecht, dans le traité
entre le Royaume-Uni et l'Espagne, en date du 13 juillet 1713, que si
le nouveau roi d'Espagne, Philippe V, a renoncé pour lui et pour ses
descendants à toute prétention à la couronne de France, afin d'empêcher
que les deux roj'aumes d'Espagne et de France ne soient jamais réunis,
c'est ,, afin d'effacer les inquiétudes et les soupçons dont les esprits ont
été agités, et rétablir la paix et la tranquiUité par un juste équilibre de
puissance, qui est le meilleur et le plus solide fondement d'une amitié
mutuelle et d'une union durable de part et d'autre ".'*
Nous avons pu constater que l'idée de l'EquiUbre plane déjà sur les
traités de WestphaUe de 1648." Le terme même n'y est toutefois nulle
part expressément employé. Nous venons de voir qu'il en est autrement
dans les traités d'Utrecht de 1713. La stipulation citée plus haute consacre
le principe de l'Equilibre européen comme élément indisfKînsable de
toute poUtique européenne, mieux encore, ,, comme le meilleur et le
plus soUde fondement d'une amitié mutuelle et d'une union durable ".
Les faits et la doctrine se rencontrent dans cette constatation. Si les
traités de Westphalie avaient consacré la défaite de la maison de Habs-
bourg, ceux d'Utrecht viennent consacrer celle de la maison de Bourbon ;
" Traité anglo-espagnol, Art. 12 : ,, Quandoquidem voro Belliun, cui finis
Pace hac féliciter a Dec impositus est, ab initie siisceptiim, et tôt per Annos vi
suiruna, immensis sumptibu-s, et occisione prope infiiiita gestiun fuerit, proptor
ingens periculum quod Libcrtati, Saliitiqiie totius Europae, ex nimis arcta
Regnoriim Hispaniae, Galliaeque Conjunctionc, impcnderet ; Cumque ad evcllendam
ex animis hominum soUicitudinem onruiem, suspicionemquo, de iusfciusmodi
conjunctione, et ad firmandam stabiliendamque Pacem ac Tranquillitatem
Christiani Orbis, justo Potentiae Aeqiiilibrio (quod optimum et maxime soliduin
miituac Amicitiae et duraturae imdiqiiaque Concordiae fimdamentimi est) tam
Rex CathoIicu.s quam R