Histoire de l'internationalisme

CARACTÈREJS GÉNÉRAUX DE L'ÂGE DE L'ABSOLUTISME
On conçoit que l'Etat fût considéré à cette époque comme l'expression
définitive de l'évolution sociale ; le développement des moyens de com-
munications et des transports ne permit guère d'accroître l'efficacité
de l'administration. L'Etat deWnt l'objet d'un intérêt absorbant. La
])ensée politique de la Renaissance italienne avait formé la conception
de l'Etat „ oeiuTC d'art ". Cette leçon est apprise maintenant au delà
des Alpes, et une littérature abondante en Allemagne et en France surtout
se voue à ce nouvel objet. L'Etat est considéré comme une entité
vivante, se développant d'après des lois qui lui sont propres ;
on examine
ses ,, intérêts " à l'intérieur comme à l'extérieur. C'est une étape intér-
essante du raisonnement politique. En fait, c'est non moins un progrès
important du développement social : le perfectionnement de l'admini-
stration, la suppression des guerres intérieures par la force armée du roi.
l'administration mieux assurée de la justice, sont autant de bienfaits
réels pour la bourgeoisie et les classes laborieu.ses malgré toutes les imper-
fections qui les caractérisent encore aux yeux de notre époque. L'égalité
des citoj'ens devant la loi, si incomplètement réalisée soit-elle, est en
tout cas un progrès considérable.
A l'extérieur l'Etat despotique se révèle comme un organisme cgoïslc,
inspiré surtout par la soif de puissance au point de vue de la quantité;
il vise à l'extension, à la conquête. sT f .-? -.^
La conception des ,, intérêts " des Etats se cristallise, toujours
sous l'influence de la Renaissance italienne, dans la théorie politique dite
Raison d'Etat. Cette pensée n'avait pas été étrangère à l'Antiquité
grecque et romaine; dans l'histoire moderne, elle a été d'abord développée
par Machiavel et ses élèves italiens. Aux XVIT" et XVIIF siècles elle
devint la propriété intellectuelle des nations de l'Europe occidentale, et
lui nombre toujours croissant d'auteurs français, anglais, allemands y
consacrent des ouvrages volumineux. Ils n'envisagent en général que
les ,, intérêts " de chaque Etat j)ris isolément. Ces intérêts étant opposés
les uns aux autres, les Etats ne peuvent trouver une solution des conflits
que par la guerre, ou tout au plus par la pression exercée au moyen do
menaces de guerre formulées par voie diplomaticiuc. D'autre part, les
Etats se trouvent cantonnés dans les confins limités du continent euro-
péen. Bon gré, mal gré ils doivent donc reconnaître certaines limites à
leur extension ; ces limites sont déterminées par rexistonce d'autres Etats.
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