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Histoire de l'internationalisme

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BARUCH SPINOZA<br />

l'Etat soit moins heureux ou moins ferme pour cette raison. Au contraire,<br />

toute personne qui juge équitablement <strong>de</strong>s choses ne niera pas que l'Etat<br />

le plus ferme <strong>de</strong> tous ne soit celui qui se borne à gar<strong>de</strong>r ce qu'il possè<strong>de</strong><br />

et ne cherche pas à s'emparer <strong>de</strong> ce qui est à autrui, bref celui qui tâche<br />

d'éviter la guerre <strong>de</strong> toute façon et <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la paix ".*<br />

En discutant dans le chapitre suivant les problèmes d'un régime<br />

aristocratique, Spinoza va jusqu'à prévoir explicitement <strong>de</strong>s précautir)n.s<br />

pour assurer une politique <strong>de</strong> paix : ,, Senatoruni emolumenta talia<br />

esse <strong>de</strong>bent, ut lis major utilitas ex pace quam ex bello sit ; atque adco<br />

ex mercibus, quae ex aliis regionibus in imperium portantur, una cente-<br />

sima aut quinquagesima pars ipsis décernât ur ". (Tr. pol. VIII. 31).<br />

On dirait une prime, sous forme d'une part <strong>de</strong>s bénéfices, accordée aux<br />

gouvernants pour les rendre intéressés à assurer la paix à l'Etat. ,, Car<br />

nous ne pouvons pas dout«r, dit-il, que pour ce motif ils n'observent<br />

la paix tant qu'ils le pourront, et qu'ils ne tâchent jamais <strong>de</strong> prolonger<br />

une guerre ".<br />

Il ne faut pas croire, cependant, cjue Spinoza ait envisagé une paix<br />

durable, voire même ,, éternelle ", basée sur une organisation <strong>de</strong> la<br />

communauté inter-étatique. Il ne verse jamais dans 1',, utopie ". Il<br />

a vu clairement, et il le constate froi<strong>de</strong>ment, que les Etats vivent entre<br />

eux dans ,, l'état naturel ". ,, Le droit prévalant entre les Etats n'est<br />

rien d'autre que le droit naturel, et ce droit est déterminé par la puissance,<br />

non pas celle <strong>de</strong> chacun, mais celle <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong>, laquelle est dirigée<br />

par un seul esprit pour ainsi dire ".^<br />

Pour Spinoza comme pour Hobbes, ,, l'anarchie internationale " est<br />

un état <strong>de</strong> fait ; tous les <strong>de</strong>ux s'y réfèrent comme à une sorte ,, d'exem-<br />

pUfication " <strong>de</strong> ,, l'état <strong>de</strong> la nature ". Il est donc surtout vrai <strong>de</strong>s Etats<br />

souverains ce que Spinoza a dit être le cas dans ,, l'état naturel " :<br />

les Etats ,, sunt ex natura hostes ". Il s'ensuit qu'une guerre peut être<br />

déclenchée <strong>de</strong> par la volonté d'un seul Etat. Spinoza le constate froi<strong>de</strong>-<br />

ment, sans autre commentaire, ni appréciation morale. Le problème<br />

du ,, justum bellum ", qui avait tant occupé les humanistes et les fon-<br />

dateurs du droit international, ne le retient pas du tout. Il en^^sage si<br />

peu le problème <strong>de</strong> la guerre du point <strong>de</strong> vue moral qu'il va jusqu'à<br />

« Tr. pol. VII, 28.<br />

• Tr. pol. III, 2.<br />

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